Depuis longtemps, la «clé d'étranglement» était critiquée, mais en janvier 2020, le décès d'un livreur, Cédric Chouviat, après un contrôle à Paris par des policiers avait déclenché un tollé général.
Faute d'alternative
Quelques mois plus tard, en juin, le ministre de l'Intérieur d'alors, Christophe Castaner, avait annoncé l'abandon de cette technique.
Mais restait, avant de remplacer «la clé d'étranglement», à déterminer quelles alternatives pourraient être enseignées.
Un groupe de travail présidé par Frédéric Lauze, alors patron de la police du val d'Oise, a bien été chargé de proposer d'autres techniques et son rapport devait être présenté l'automne dernier. Mais, rien n'est arrivé, ni communication, ni décision, ni directive, ni prise de parole du nouveau ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Et faute d'alternative, la «clé d'étranglement» a continué à être utilisée.
«Je l'utilisais beaucoup, je l'utilise moins maintenant», notamment depuis la mort de Georges Floyd aux États-Unis et le tabassage à Paris par des policiers de Michel Zecler, soulignait en juin auprès de l'AFP un membre de la brigade anticriminalité du Val-de-Marne.
«Une note de service nous dit de stopper la clé en attendant une autre méthode, mais il n'existe pas d'autres méthodes» pour «faire tomber quelqu'un de costaud, sous stup ou sous alcool», expliquait alors le fonctionnaire, 27 ans de police derrière lui.
Côté gendarmes, l'étranglement a «été proscrit» il y a plusieurs années et «toute contrainte sur le rachis et toute pression thoracique sont interdites», assurait en juin le général Bertrand Cavallier.
Abandon décisif de la technique
Dans un courrier daté de vendredi et adressé à l'ensemble des hauts responsables de la police nationale, le patron de la police, Frédéric Veaux, a signé officiellement l'acte de décès de la clé d'étranglement.
Soulignant que cette technique présentait des «risques», M. Veaux a annoncé qu'il était «donc décidé d'y renoncer définitivement».
Il a détaillé trois techniques qui la remplaceront et seront dorénavant enseignées aux policiers.
Il s'agit de «l'amener au sol par pivot», de «l'amener au sol par contrôle de demie épaule et de «la maîtrise par contrôle de la tête».
Ces nouvelles techniques sont basées sur «le principe de gradation de la force en fonction de la résistance de l'individu, en utilisant des méthodes d'amener au sol et de maîtrise sans avoir recours à une pression continue et prolongée au niveau du larynx», a expliqué le patron de la police.
Le principal problème pour Frédéric Veaux est de convaincre les policiers et les syndicats que les nouvelles techniques seront aussi efficaces que la clé d'étranglement pour l'interpellation de personnes robustes et violentes.
Dès l'annonce de son abandon, les syndicats avaient protesté, expliquant qu'y renoncer serait «une erreur». Pour eux, l'encadrer, l'améliorer et mieux former les policiers était la seule réponse possible.
«Il faut juste préciser les risques en école. Une fois que la personne est menottée, les bras dans le dos, c'est terminé. Il ne faut pas s'éterniser, c'est tout», avait défendu auprès de l'AFP, Nicolas (le prénom a été modifié), d'une BAC de région parisienne.
Peu d'alternatives trouvent grâce à leurs yeux. Les clefs de bras? «Pour en faire des très propres, il faut avoir un niveau de dingue, s'entraîner plusieurs heures par semaine», expliquait Nicolas.
Un «observatoire des pratiques en intervention» composé de policiers et d'experts techniques issus de la société civile sera placé auprès du directeur central du recrutement et de la formation.
Enfin, a annoncé Frédéric Veaux, un «séminaire de réflexion sur l'usage de la force légitime sera organisé tous les trois ans pour dresser l'état des difficultés que peuvent rencontrer les policiers sur le terrain».