Alors que l’armée américaine doit définitivement plier bagages courant septembre, les talibans* continuent leur progression dans le nord-ouest de l’Afghanistan. Le groupe armé cherche à investir la province d’Hérat, où il s’en est de nouveau pris à un complexe de l’Onu, selon le porte-parole du ministère afghan de la Défense, Fawad Aman.
«Le groupe terroriste des talibans* a de nouveau attaqué le bureau de l'Onu dans le district de Guzara de la province d'Hérat. Les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes (ANDSF) combattent les terroristes et les repousseront», a ainsi annoncé Fawad Aman sur Twitter.
Le haut responsable a plus tard partagé une vidéo d’un convoi de blindés, assurant que les forces gouvernementales étaient parvenues à stabiliser la situation en périphérie de la ville d’Hérat.
#ANDSF and Resistance Forces are advancing in #Herat!
— Fawad Aman (@FawadAman2) July 31, 2021
The security situation in outskirts of Herat has returned to normal and the ANDSF and the Resistance Forces are actively present in the cleared areas. pic.twitter.com/wuOqnzwhEQ
Ce 30 juillet, le bureau de l’Onu à Hérat avait déjà été la cible d’un premier assaut, qui avait coûté la vie à un policier et blessé plusieurs officiers. L’entrée du complexe avait été ciblée par des tirs à l’arme légère et au lance-roquettes.
L’organisation avait condamné un acte «déplorable» dans un communiqué, rappelant que les attaques contre ses bâtiments et personnels pouvaient constituer des crimes de guerre. Aucun employé n’avait cependant été atteint. Les ambassades américaine, britannique et australienne à Kaboul avaient également condamné l'attaque.
Accord de Doha et retrait américain
Les affrontements se sont intensifiés depuis quelques jours autour d’Hérat, alors que les talibans* tentent de progresser vers le centre-ville, rapporte TOLOnews citant des sources militaires. De nombreux citadins ont déjà fui devant l’avancée du groupe terroriste. Sur les 17 districts de la province, seul celui de Guzara et de la ville d’Hérat elle-même échappent encore au contrôle des talibans*.
L’offensive lancée contre la ville a suscité l’indignation de certains observateurs, qui ont dénoncé une violation de l’accord entre Américains et talibans* passé l’an dernier à Doha. Le groupe terroriste s’était en effet engagé à éviter les attaques contre les grandes villes, dans le cadre de cet accord.
Cette nouvelle avancée a lieu alors que les États-Unis se désengagent d’un conflit entamé il y a 20 ans, pour renverser les talibans*, qui ont aidé aux attentats du 11 septembre 2001. Le retrait total a d’ailleurs été symboliquement fixé au 11 septembre prochain.
Si début juillet Joe Biden avait jugé «très faible» la probabilité que les talibans* contrôlent la totalité du pays, ces derniers n’en ont pas moins progressé, clamant aujourd’hui contrôler 85% du territoire, ainsi qu’une grande partie des frontières, en particulier avec le Turkménistan.
Les combats qui les opposent aux forces gouvernementales pourraient se solder par un drame humanitaire, a encore averti l’Onu ce 26 juillet. Les pertes civiles au premier semestre 2021 ont en effet explosé, et l’organisation s’attend cette année à enregistrer un nombre record de victimes civiles depuis 2009.
*Organisation terroriste interdite en Russie