Adopté par le Parlement le 25 juillet, le projet de loi relatif à la gestion de la crise sanitaire doit être examiné le 5 août par le Conseil constitutionnel. Le gouvernement espère que l'élargissement du pass sanitaire, entre autres aux hôpitaux, prendra effet le 9 août. Ce dernier aspect suscite pourtant des inquiétudes chez les Français qui ont peur d’être privés de soins médicaux faute d'avoir ce document.
Actuellement, le texte du projet de loi prévoit que les urgences médicales ne seront pas concernées et que la mesure touchera seulement les visiteurs, les personnes accompagnantes et celles avec des soins programmés qui veulent se rendre dans les établissements médico-sociaux, comme les hôpitaux.
Quoi qu’il en soit, un cas signalé par un ambulancier de Normandie attise les inquiétudes. Dans une vidéo publiée le 29 juillet sur Twitter il a expliqué qu’il voulait «tirer la sonnette d’alarme».
«Je suis ambulancier et aujourd’hui, nous avons déposé une patiente dans une clinique privée pour effectuer un examen du cœur. Petit examen qui lui a été refusé pour seul et unique motif que cette dame n’a pas pu présenter de pass sanitaire».
Et d’ajouter:
«Donc aujourd’hui, on s’assoit sur le serment d’Hippocrate, on s’assoit aussi sur la liberté d’accès aux soins. C’est inadmissible! Là on est en train de nous dire que pour seul et unique motif de non-présentation d’un pass sanitaire, on nous refuse l’accès aux soins. C’est lamentable! Bienvenue en France».
Un ambulancier explique le refus d’une patiente avec des problèmes au cœur pour non présentation du #PasseSanitaire #PassDeLaHonte
— Amélei 🇫🇷 ❤️ (@Amlei6) July 29, 2021
Mais où est la santé dans tout ça? 🤯 pic.twitter.com/vCbE0SbGyI
La société d’ambulances s’explique
Contacté par 20 Minutes la société d’ambulances, basée elle aussi en Normandie, a confirmé que c’était l’un de ses salariés qui avait publié la vidéo et que les faits avaient effectivement eu lieu.
La société a salué la prise de parole de son employé «pour que les gens voient la réalité du terrain» et a déploré que dans une situation similaire une ambulance ait dû faire des allers-retours inutiles «ce qui fait des coûts pour rien auprès de la Sécurité sociale».
Le secrétaire général de la Chambre nationale des services d’ambulances (CNSA) Guillaume Narguet a également expliqué au quotidien qu’il s’agissait d’une «situation problématique» qui «s’est déjà présentée dans certains territoires». Par exemple, relate-t-il, l’Agence régionale de Santé Grand Est impose aux centres hospitaliers de placer à partir du 1er août un vigile à l’entrée pour vérifier les pass sanitaires et cela alors que la loi n’est pas encore entrée en vigueur.
Une ségrégation?
Il convient de rappeler que le 21 juillet, l'ex-LREM Martine Wonner a déjà mis en garde à l’Assemblée nationale contre le pass sanitaire qui instaure, selon elle, «définitivement une ségrégation entre les individus» et les prive d’égalité d’accès.
Elle a donné l'exemple d’une femme «désespérée» qui l’avait appelée pour raconter qu’elle ne pourrait plus accéder à l’hôpital début août pour un contrôle suite à une chimiothérapie parce qu’elle n’était pas vaccinée.
Si une partie des parlementaires a hurlé «c’est faux», la députée a insisté sur le fait que ce n’était pas le cas puisque la femme en question avait reçu un mail en ce sens de son médecin.