Alors que le pass sanitaire est désormais exigé pour accéder à tous les lieux de loisirs et de culture de plus de 50 personnes, certaines personnes qui ne sont pas encore immunisées sont forcées de multiplier les tests Covid. Dans ce contexte, deux tentes de dépistage ont été brûlées dans la nuit du 28 au 29 juillet à Coustellet (Vaucluse) à côté d'un laboratoire, rapporte France Bleu.
Selon le quotidien, deux barnums installés en extérieur pour tester la population ont été détruits. La police a découvert des bidons d'essence près des débris. Le laboratoire Tétrabio annonce qu'il va déposer plainte.
«La qualification d'anti-vax est fausse»
Alors qu'il reste à en déterminer les circonstances exactes, le laboratoire Tétrabio contacté par Sputnik, n’a pas encore répondu à nos sollicitations.
La Ligue Nationale pour la Liberté des Vaccinations a quant à elle indiqué à Sputnik qu'elle n'est «aucunement solidaire des actions violentes», ajoutant qu'elle n'était pas anti-vax, mais «défendait la liberté vaccinale».
«Mais la LNPLV met également en garde contre les risques de provocation par une propagande orientée à charge contre des citoyens responsables et conscients d'être entraînés dans un piège, celui de l'obligation de recevoir une injection encore en cours d'essai clinique... La LNPLV tient à rappeler qu'elle a notamment porté plainte contre Messieurs Blachier et Lechypre, pour leurs propos haineux, qui représente une incitation à la violence», a fait remarque l'organisation.
«Nous craignons l'intrumentalisation de tels évènements par les médias à des fins propagandistes visant à nous rendre responsable d'une politique illégale. Certains médias déforment les faits afin de légitimer à tout prix la répression brutale que les autorités cherche à instituer. Encore une fois, la qualification systématique d'anti-vax est fausse, car la majorité des personnes sont en réalité pour la Liberté vaccinale».
Plusieurs actes recensés
Cet incident semble s'inscrire dans la série d'attaques récente contre les structures de ce genre et, plus généralement, dans le mouvement de colère contre la vaccination en France.
Le 22 juillet notamment, un centre de vaccination de Neuillé-Pont-Pierre (en Indre-et-Loire) a été vandalisé et tagué à la peinture noire d’une étoile de David. Le 18 juillet, le centre de vaccination d’Audincourt, dans le Doubs, est resté sans électricité pendant plus d’une heure, alors qu’à l’intérieur «environ 3.500 doses» de vaccin de Pfizer étaient stockées dans des réfrigérateurs, selon Martial Bouquin, maire de la ville.
Dans la nuit du 16 au 17 juillet, un centre de vaccination a été vandalisé à Lans-en-Vercors, en Isère. Une enquête pour destruction volontaire a été ouverte après l’incendie, dans la nuit du 17 au 18 juillet, du centre de vaccination d'Urrugne (Pyrénées-Atlantiques). Selon France Bleu, les spécialistes ont découvert plusieurs départs de feu. En juin, un autre centre de vaccination, l’un des plus importants des Hautes-Alpes, à Gap, a été partiellement détruit par les flammes.
Ruée vers les aiguilles
L'extension du pass sanitaire a provoqué une ruée vers les rendez-vous de vaccination. Après le durcissement des mesures annoncé par Emmanuel Macron, plus de deux millions de Français ont pris en deux jours des rendez-vous sur Doctolib pour se faire vacciner contre le Covid-19.
En outre, d’après le projet de loi sanitaire, adopté définitivement le 25 juillet par le Parlement, la vaccination devient obligatoire pour les personnels des hôpitaux, cliniques, Ehpad et maisons de retraite, sapeurs-pompiers, certains militaires, ainsi que pour les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées, y compris à domicile.
Cette obligation de vaccination (ou de présentation d'une attestation de rétablissement après le Covid-19) prend son plein effet le 15 septembre. D'ici là, les professionnels concernés pourront encore présenter des tests négatifs, et au-delà de cette date s'ils ont fait une première injection. Des exemptions sont possibles pour ceux qui justifient d'une contre-indication médicale. Les professionnels qui refusent la vaccination seront interdits d'exercer, avec suspension du salaire.
Le renseignement inquiet
Le mouvement anti-vaccin prend aussi de l’ampleur. Samedi 24 juillet, selon le ministère de l’Intérieur, 161.000 manifestants, dont 11.000 à Paris, ont défilé dans toute la France contre l’obligation du pass sanitaire et pour la liberté vaccinale, soit 47.000 de plus que lors de la première mobilisation nationale du 17 juillet. Selon le décompte de Beauvau, 29 membres des forces de l’ordre ont été blessés.
Après celle du 17 juillet, un rapport des renseignements territoriaux (RT) consulté par Le Parisien, a mis en garde contre un risque de radicalisation du mouvement.
«À l’instar de ce qui s’est passé durant la crise des Gilets jaunes, plus le conflit durera plus le risque est grand que les plus déterminés et les radicalisés parviennent à prendre le contrôle», précise le document datant du 19 juillet, repris par le quotidien.
Le 19 juillet, le porte-parole du gouvernement a lancé un avertissement aux protestataires en soulignant que «nous ne céderons pas à la dictature des images choquantes, des slogans outranciers, des raccourcis honteux». M.Attal a également noté que «la grande majorité des Français s’est déjà fait vacciner ou a pris rendez-vous pour se faire vacciner».