Financement public de la recherche Covid: faute de chef de file, la France à la traîne

© AFP 2024 GONZALO FUENTESLe Président de la République française Emmanuel Macron visite un laboratoire Sanofi à Marcy-l'Etoile, près de Lyon, juin 2020
Le Président de la République française Emmanuel Macron visite un laboratoire Sanofi à Marcy-l'Etoile, près de Lyon, juin 2020 - Sputnik Afrique, 1920, 29.07.2021
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La Cour des comptes pointe l’important manque de financement et d’organisation dans la recherche française anti-Covid. Parmi les leaders mondiaux du marché pharmaceutique, la France n’a toujours pas enregistré son propre vaccin contre le coronavirus.

Dans la recherche anti-Covid, la France, le seul membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu qui n’a toujours pas enregistré son propre vaccin, ne s’est pas montrée sous son meilleur jour. Un rapport de la Cour des comptes, paru le 29 juillet et consacré au financement de la recherche publique française dans la lutte contre le Covid-19, en évoque les causes en faisant un constat décourageant: avec 502 millions d’euros dépensés entre janvier 2020 et mars 2021 (530 avec les fonds européens) le pays de Pasteur est loin derrière d’autres acteurs majeurs en la matière.

Hormis le déficit de financement dans la biologie-santé, dont ce secteur crucial a d’ailleurs souffert bien avant la crise sanitaire actuelle, c’est aussi le manque d’organisation et de structuration de la recherche qui est mis en avant par l’organisme juridique.

Éparpillement des initiatives et des financements

Sans dénigrer les efforts des acteurs de la recherche française, l’audit «flash» de la Cour des comptes pointe notamment «la pluralité et l’hétérogénéité des canaux de financement». Facteur qui contribue à ce que, plus d’un an après le début de la pandémie, les résultats du travail dans ce domaine ne semblent toujours pas être à la hauteur.

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Les organismes qui ont financé la recherche sont nombreux: le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et celui des Solidarités et de la Santé, ainsi que l’Agence nationale de la recherche. Qui plus est, les bénéficiaires (universités, des centres hospitaliers universitaires et d’autres organismes de recherche) se sont également servis des financements européens ou privés et ont eu recours à leurs propres ressources.

Ensuite, la donne a été amplifiée par «l’absence d’un chef de file reconnu par tous».

«Les efforts d’organisation attendus par la création de l’ANRS-MIE (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales-Maladies infectieuses émergentes) sont intervenus tardivement et sans moyens immédiats», est-il précisé.

Ainsi, «l’éparpillement des initiatives et des financements, la difficile mise au point de priorités, l’impréparation à la prise de risque et les lourdeurs administratives ont contrarié la création d’un système de réponse cohérent et efficace», conclut le document.

Pays de Pasteur qui n’a pas de vaccin

Comme l’indique le rapport, le regard comparatif sur l’état du financement de la recherche concernant le Covid-19 en France et dans d’autres pays «aux moyens et au tissu scientifique comparables» rend «plus saillantes» les difficultés structurelles auxquelles la recherche française doit faire face durant cette crise.

Dans l’imaginaire collectif, ce manque de financement est notamment illustré par le fait que la patrie de Louis Pasteur, père de la vaccination, n’a toujours pas pu mettre au point son propre produit contre le Covid-19.

© SputnikFinancement dans la lutte contre Covid-19
Financement public de la recherche Covid: faute de chef de file, la France à la traîne - Sputnik Afrique, 1920, 29.07.2021
Financement dans la lutte contre Covid-19

Investir dans un vaccin est en effet une affaire «risquée» d’un point de vue financier dans le sens où certaines préparations, en cours d'élaboration, peuvent s'avérer inefficaces et être abandonnées après que des sommes importantes y ont déjà été allouées.

Cela a notamment été le cas du projet principal d’un vaccin de l’institut Pasteur et du groupe américain Merck dont le développement a été abandonné en janvier dernier, les premiers essais de la substance s’étant avérés «moins efficaces qu'espérés».

Encore en décembre, donc à l’aube du lancement de la vaccination contre le Covid-19 dans l’UE, le colosse français du domaine, Sanofi (plus précisément sa division vaccin baptisée Sanofi Pasteur), a également fait part du retard quant au vaccin développé avec la multinationale britannique GSK. Ce n’est que fin mai que le leader français a annoncé le début d’une étude internationale de phase III de son produit. Le 20 juillet, l'Agence européenne des médicaments a lancé l’examen du produit.

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