Une nouvelle page dans le feuilleton juridique relatif au fondateur de WikiLeaks: plus de deux ans après avoir reçu la nationalité équatorienne, Julian Assange, Australien de naissance, en est désormais officiellement déchu, rapporte Associated Press. L’octroi de la nationalité équatorienne à Julian Assange avait d’ailleurs déjà été suspendu en 2019.
Selon la justice équatorienne qui a fait part de la dénaturalisation d’Assange lundi 26 juillet dans une note en réponse à une plainte déposée par le ministère équatorien des Affaires étrangères, la lettre de naturalisation d’Assange n’était pas conforme aux règles. Elle contenait notamment «de multiples incohérences, des signatures différentes, la possible altération de documents et des frais impayés», rapporte l’agence de presse.
La défense appelle à respecter «la procédure»
L'avocat de M.Assange, Carlos Poveda, a déjà déclaré qu'il ferait appel pour demander une «clarification de la décision». Le défenseur pointe notamment le non-respect par Quito de la procédure même de déchéance de nationalité, Assange n'ayant pas été autorisé à comparaître dans l'affaire.
«Plus que l'importance de la nationalité, il s'agit de respecter les droits et de suivre une procédure régulière de déchéance de la nationalité», a-t-il lancé à Associated Press.
Rôle de l'Équateur
À l’origine d’une fuite massive de centaines de milliers de documents confidentiels des services secrets américains en 2010, Assange se trouve depuis dans le viseur de Washington. En 2012, l'Équateur lui a accordé l’asile politique et, en 2017, suite à la procédure de naturalisation, l’Australien avait obtenu la nationalité équatorienne. À l'époque, afin de protéger l’activiste, Quito envisageait un coup de poker, transporter le lanceur d’alertes en Équateur en tant qu'agent diplomatique de sa délégation à Londres. Ce plan n’a toutefois pas abouti.
Somme toute, le journaliste mondialement connu a vécu à l'ambassade équatorienne près de sept ans, depuis 2012 lorsqu'il a essayé d’éviter son extradition vers… la Suède.
Et la Suède dans tout cela?
À la base, si Julian Assange a décidé en 2012 de se réfugier dans l'ambassade équatorienne à Londres, ce n’est pas pour échapper à son extradition vers les États-Unis, mais bien vers la Suède où il devait faire face aux allégations de viol et d'agression sexuelle portée par une Suédoise. Concernant cette affaire, M.Assange nie toute accusation en affirmant que le rapport sexuel en question qui remonte à 2010 avait été consenti.
Au cours des années, la Suède a deux fois classé l'affaire: d’abord en 2017, puis, après la réouverture, en 2019.
«La raison de cette décision [classer l’affaire à nouveau, ndlr] est que les preuves se sont considérablement affaiblies compte tenu de la longue période qui s'est écoulée depuis les événements en question», a expliqué en novembre 2019 le parquet de ce pays nordique, cité par la BBC.
Aujourd’hui, l’équipe d’Assange craint toujours une nouvelle réouverture de l'enquête.
Tentative d’extradition vers les USA
Parmi les rebondissements de cette longue saga, le dernier date de début janvier lorsque la justice britannique a rendu son verdict quant à la demande d’extradition d’Assange vers les États-Unis. Dans le pays de l'oncle Sam, l’activiste risque 175 ans de prison dans le cadre de l'enquête pour espionnage ouverte en 2010. À l’époque, WikiLeaks avait rendu publics de nombreux documents secrets y compris sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan et en Irak.
Finalement, le procès qui a suscité une vive réaction de la société civile a été couronné de succès pour le lanceur d’alertes. Le tribunal londonien a refusé la demande américaine, estimant que l’état psychologique de Julian Assange était incompatible avec une extradition.
Aujourd’hui, l’homme se trouve derrière les barreaux de la prison de haute sécurité de Belmarsh dans la capitale britannique.