Depuis le dernier confinement, la «mode» des rodéos urbains dans les quartiers sensibles a repris de plus belle. L’État avait promis de mettre les moyens pour mettre fin à cette tendance, mettant les policiers en première ligne. Une stratégie payante dans les chiffres, mais dangereuse pour les fonctionnaires sur le terrain.
Dans la soirée du 25 juillet, un équipage de police de la brigade anticriminalité (BAC) de Créteil a été pris pour cible par une quarantaine d’individus à Bonneuil-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, alors qu’il intervenait pour un rodéo urbain.
Des mortiers d’artifice ont été tirés sur le véhicule, dont un à bout portant ayant pénétré dans l’habitacle, provoquant un début d’incendie.
Et qu’on ne nous raconte pas, depuis les tentatives d’assassinats de policiers à #ViryChâtillon, que ces monstres n’agissent pas en connaissance des conséquences voire qu’ils ne souhaitaient pas un Viry bis. #BonneuilSurMarne #Creteil #Police pic.twitter.com/fWudLCaAgr
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) July 26, 2021
Un fonctionnaire a ainsi été brûlé au niveau du dos.
«Il a été brûlé au deuxième degré», a précisé à Actu17 une source policière.
Il a été hospitalisé, son état n’inspire pas d’inquiétudes. Les deux autres policiers souffrent d’acouphènes.
Le média indique que de nombreux renforts de police sont rapidement arrivés sur place. Six suspects ont alors été arrêtés, tandis que les autres se sont enfuis.
Une enquête a été ouverte et confiée à la sûreté départementale.
Une photo de l’habitacle du véhicule des forces de l’ordre, touché par le feu, a été publiée par le syndicat Alliance Police nationale du Val-de-Marne sur Facebook, ainsi que des mots d'encouragement.
Réactions
«Une fois de plus nous dénonçons fermement ces faits et attendons une réponse ferme de la part de la justice!», a demandé le syndicat.
La préfecture de police a elle aussi fait part de son soutien.
Ce jour, intervention des #FDO pour un rodéo de motos impliquant une quarantaine d'individus à #BonneuilSurMarne.
— Préfecture de Police (@prefpolice) July 25, 2021
Soutien aux 3 policiers blessés, visés par un tir de mortier d'artifice dans leur véhicule.
➡️ 6 interpellations pic.twitter.com/lxfTrMj66f
Ces faits ont également attiré l’attention du ministre de l’Intérieur, qui a souligné que «l’État répondra fermement à ces actes violents» contre les forces de l’ordre.
6 individus interpellés suite à l’agression visant de courageux policiers du Val-de-Marne qui agissaient contre des rodéos urbains. Tirer des mortiers contre des policiers, c’est vouloir les blesser ou les tuer. L’État répondra fermement à ces actes violents contre nos policiers.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 25, 2021
Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, s’est aussi indignée de l’incident.
Ces policiers intervenaient pour un #rodéomoto. Enième plaie pour des riverains aspirant à un peu de tranquillité le dimanche. Les policiers ne font que leur travail : tenter de maintenir la paix publique.
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) July 25, 2021
Pour ça, ils sont victimes de tentatives d’assassinats. #bonneuilsurmarne
Un phénomène qui s’amplifie
Depuis la fin du premier confinement, la France est particulièrement touchée par les rodéos sauvages.
Un agent de la BAC de Besançon a été percuté début juillet par un scooter et grièvement blessé dans le quartier de Saint-Claude.
Un peu plus tard, mi-juillet, un motard a mortellement fauché une jeune femme qui assistait à un rodéo sauvage à Glisy, dans la Somme. La préfète a promis de nouvelles mesures pour lutter contre ce phénomène.
Auparavant, Gérald Darmanin avait demandé dans une note confidentielle envoyée à Frédéric Veaux, directeur général de la Police nationale, de mettre en place de nouvelles mesures coercitives dans les «lieux les plus touchés» pour mettre fin aux rodéos urbains. D’après des chiffres obtenus par Le Figaro, cette intensification des interventions a donné lieu à 704 interpellations et à la saisie de 953 engins depuis le 1er janvier 2021.
Parallèlement, selon un sondage de l’Institut Consumer Science & Analytics (CSA) réalisé pour CNews en juin, près de huit Français sur 10 (78%) souhaitent que les forces de l’ordre mettent tout en œuvre pour arrêter les auteurs de ces méfaits. Tandis qu’ils sont 22% à vouloir que les courses-poursuites soient interdites aux fonctionnaires «car cela peut entraîner des accidents graves pour les conducteurs des deux roues concernés».