Sukhoï a frappé un grand coup. Lors de la journée inaugurale du salon MAKS 2021, qui se déroule actuellement à Joukovski dans la région de Moscou, la firme a dévoilé son prototype du Su-75. Spécialement conçu pour le marché de l’export, cet appareil baptisé Checkmate («échec et mat») reprend des spécificités du Su-57 tout en s’affichant bien moins coûteux tant à l’achat qu’à l’entretien grâce à sa configuration en monomoteur, une première depuis le Mig-23 qui fait figure d'exception dans le paysage aéronautique russe.
Pour l’heure, estimé entre 25 et 30 millions de dollars, il serait ainsi deux fois moins cher que le KF-21 Boramae («jeune faucon») dévoilé mi-avril par Korean Aerospace Industries (KAI) et qui vise justement le même segment bon marché à l’export.
Un Su-57 low cost pour marchés low cost?
«S’il a les mêmes performances qu’un Mirage 2000, cela fait sens», réagit au micro de Sputnik le général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Pour lui, cet appareil est un concurrent taillé pour les versions les plus récentes du F-16 ou encore le JAS-39 Gripen suédois. Différence toutefois avec ces derniers et le KF-21: le Su-75 se revendique de 5e génération.
Les appareils de cette catégorie, définie par le Pentagone, doivent répondre aux critères suivants: furtivité, fusion de donnée, vol en réseau (M2M), à haute altitude et super croisière.
Sur ce point, notre intervenant émet quelques réserves. Bien que le Su-75 devrait tirer son épingle du jeu grâce à sa faible signature radar et à sa manœuvrabilité, il devrait rester difficile pour ce futur chasseur léger polyvalent d’aller concurrencer sur le terrain des plateformes certes bien plus onéreuses mais bien plus lourdes et sophistiquées telles que le F-35 Lightning II, le F-22 Raptor, le Chengdu J-20 chinois. Pour cela, il faudra compter sur son grand frère, le Su-57.
«Au niveau du positionnement opérationnel, ce n’est pas un avion qui vient faire concurrence au Rafale, mais il y a un vrai marché pour lui. Des petits pays qui recherchent des appareils de combat modernes afin d’assurer un minimum de défense.»
Niveau armement, le Su-75 n’a pas non plus à rougir devant ses grands frères grâce à ses trois soutes d’emport qui lui donneront accès à un large panel de l’arsenal russe. Celle qui est située juste sous le fuselage pourra recevoir trois missiles air-air de moyenne-longue portée Vympel R-77M ou, dans une configuration air-surface, un missile Kh-59Mk2, des bombes guidées Grom ou encore le missile longue portée antiradar Kh-58UShKE. Les deux soutes latérales pourront quant à elles accueillir des missiles air-air Vympel R-73/74. L’une d’elles accueillera également la nacelle de l’appareil, là encore le même modèle que sur le Su-57.