Alors que le gouvernement s’est lancé dans une course effrénée pour faire adopter le pass sanitaire, la France continue d’afficher des taux de vaccination inférieurs à ses voisins, ressort-il des données publiées par le ministère français des Solidarités et de la Santé.
Au 21 juillet «31.805.058 personnes ont désormais un schéma vaccinal complet (soit 47,2% de la population totale)», indique le ministère dans un communiqué.
L’UE a pour sa part annoncé que l’Europe comptait 200 millions de vaccinés complets au 22 juillet, soit près de 55% de la population adulte. De «bons indicateurs», s’est réjouie la porte-parole de la Commission européenne Dana Spinant lors d’une conférence de presse, soulignant que les vaccinations devaient se faire «uniformément dans toute l'UE».
Mais malgré les vœux pieux des hauts responsables européens, force est de constater que les campagnes de vaccination n’affichent pas partout le même rythme. Si des pays comme la Bulgarie, la Roumanie ou la Croatie sont à la traîne, la France elle-même affiche un certain retard sur ses proches voisins, comme l’Allemagne ou l’Italie, à en croire les données de l’université américaine Johns-Hopkins, au 19 juillet.
Parmi les pays membres, le champion toutes catégories reste cependant l’Espagne, où 64% de la population a déjà reçu au moins une dose de vaccin, adultes et enfants compris.
Le variant Delta inquiète
Si les taux de vaccination varient d’un pays à l’autre, l’inquiétude vis-à-vis du variant Delta touche l’Europe entière. En Allemagne, Angela Merkel a ainsi dit craindre une «dynamique inquiétante» qui pourrait amener à un «doublement» des infections d’ici deux semaines.
Même refrain en Espagne, où la barre des 27.000 infections quotidiennes a été franchie ce 20 juillet. La ministre de la Santé, Carolina Darias, a appelé à «maintenir le rythme de vaccination», soulignant que 83% des contaminations sur les cinq dernières semaines concernées des non-vaccinés. Particulièrement touchée, la Catalogne s’apprête d’ailleurs à rétablir le couvre-feu entre une et six heures du matin dans plusieurs localités, dont Barcelone.
Aux Pays-Bas, où certaines restrictions ont été levées mi-juin, le gouvernement subit pour sa part les foudres de l’opposition. Les contaminations sont en effet reparties à la hausse, avec 10.500 nouveaux cas le 21 juillet. Le Premier ministre Mark Rutte a admis une «erreur de jugement» et a présenté ses excuses, en conférence de presse.
En France, Olivier Véran a également déploré la reprise épidémique, liée au variant Delta. «Nous n'avons jamais connu ça», a lancé le ministre de la Santé devant l’Assemblée nationale, qui doit désormais se prononcer sur l’extension du pass sanitaire.
Les inquiétudes françaises pourraient encore être renforcées par des risques de pénuries de vaccins. Certains centres de vaccination se sont en effet retrouvés à court de doses, les annonces d’Emmanuel Macron sur le pass sanitaire ayant entraîné un afflux de demandeurs. En Bourgogne-Franche-Comté, l’agence régionale de santé (ARS) a notamment admis une «gestion à flux tendu des stocks», rapportait France 3 le 20 juillet.
Marie-Noëlle Biguinet, maire LR de Montbéliard, a pour sa part dénoncé une «situation incompréhensible» au micro d’Europe 1, affirmant avoir reçu des consignes pour «bloquer tous les rendez-vous pour les premières doses». Un blocage qui pourrait durer «le mois d’août tout entier», à en croire l’élue.