Alors que le doute plane toujours sur le piratage de téléphones appartenant à des journalistes et des dirigeants politiques français, Emmanuel Macron a préféré être précautionneux. Le chef de l’État, lui-même la cible de piratage selon les révélations de plusieurs médias, a changé son mobile et son numéro, rapporte LCI.
Le Président a également demandé un renforcement des protocoles de sécurité, alors que des investigations ont été ordonnées pour faire la lumière sur l’affaire, comme l’avait indiqué Jean Castex sur TF1. Un conseil de défense s’est également tenu ce 22 juillet à l’Élysée.
Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, avait déjà déclaré sur France Inter que l’exécutif prenait ces révélations d’espionnage «très au sérieux», précisant cependant que les téléphones du Président étaient «changés régulièrement». Mais certains observateurs se sont inscrits en faux, rappelant que le Président avait gardé l’un de ces numéros inchangés des années durant.
«Il a gardé le même numéro pendant des années, celui qu’il avait quand il était ministre, et il continue de l’utiliser. Il est très friand de la messagerie cryptée Telegram […] il est toujours disponible à ce numéro-là. Les politiques ne prennent pas toujours la mesure de la menace qui concerne leur téléphone», a ainsi déclaré sur France 5 l’éditorialiste Frédéric Says.
#Pegasus : "#Macron a gardé le même numéro depuis des années et il continue à l’utiliser. Des précautions ont été prises mais les #politiques n’ont pas toujours pris la mesure de la menace qui concerne leur téléphone". @FredericSays dans #cdanslair pic.twitter.com/edbIyceCqY
— C dans l'air (@Cdanslair) July 21, 2021
L’enquête du projet Pegasus, relayée par Le Monde et Radio France, avait déjà révélé que le téléphone visé avait été utilisé par Emmanuel Macron «régulièrement depuis au moins 2017 et jusqu’à ces derniers jours».
D’autres personnalités visées, le Maroc dément
Le logiciel israélien Pegasus a également servi à infiltrer les téléphones de 14 autres membres du gouvernement, dont celui de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, rapportait Le Monde le 20 juillet. Le quotidien affirme que les services de renseignement marocains étaient à la manœuvre.
Le royaume chérifien a pour sa part dénoncé les «attaques haineuses» de certains médias. Le parquet général marocain a annoncé enquêter sur ce qu'il a décrit comme des «accusations infondées».
L’enquête du projet Pegasus a également mis en lumière d’autres tentatives d’espionnage étatique. Plusieurs personnalités libanaises ont notamment été la cible d’opérations pirates menées par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, en 2018 et 2019, révélait ainsi Le Monde. Le Président Michel Aoun et l’ex-Premier ministre Saad Hariri apparaissent notamment dans la liste des cibles potentielles.
Certains pays semblent cependant moins exposés, dont la Chine, la Russie et les États-Unis, que le logiciel ne peut pas cibler par défaut, à en croire le quotidien du soir. En 2019, Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, était revenu sur l’importance des questions de cybersécurité au Kremlin, livrant quelques révélations sur le téléphone utilisé par le Président russe.