Un Marocain de 39 ans a été tué mardi 20 juillet dans la soirée par l’adjoint municipal à la sécurité de la ville italienne de Voghera, informe La Repubblica.
D’après les premiers éléments de l’investigation, l’élu, Massimo Adriatici, a tiré le coup de feu mortel après une altercation qui est survenue devant un bar.
La victime était défavorablement connue des services de police, notamment pour menaces, résistance à un agent public, trafic de drogue, conduite en état d'ébriété et sans permis, contrefaçon et port d'armes susceptibles de blesser, indique Il Giorno.
Selon le Corriere della Sera, «en traversant la ville de Pavie, hier soir [mardi, ndlr], Massimo Adriatici a croisé un homme. Il lui aurait demandé d’arrêter de déranger des jeunes. En réponse, l’homme l’a poussé. Après une poussée forte, Massimo aurait perdu l'équilibre, avait une arme à feu chargée […] et a tiré accidentellement».
Selon la Repubblica, vers 22h30, Massimo Adriatici avait appelé le commissariat pour demander une patrouille sur la place Meardi.
Toutefois, quand le Marocain a vu que l’élu appelait la police il s’est lancé sur ce dernier. Selon le tireur, son coup de feu a été accidentel: «Il m'a poussé et un coup de feu est parti».
La victime, Youns El Bossettaoui, a été transportée à l’hôpital où il est décédé des suites de sa blessure.
Massimo Adriatici est actuellement assigné à résidence, il possédait un permis de port d'arme. L’enquête a été lancée pour établir les circonstances de cet homicide.
Des politiciens italiens s’expriment
Certains hommes politiques italiens ont condamné les faits, la députée du Mouvement 5 étoiles Valentina Barzotti les qualifiant de «Far West».
«Ce qui est arrivé à Voghera est troublant et suscite l’effroi et la colère. Il est inacceptable qu'un homme non armé puisse perdre la vie par un coup de feu tiré sur la place publique, comme si nous étions au Far West. Les autorités vont maintenant reconstituer les faits et les responsabilités possibles de l’adjoint municipal, dont le coup de feu serait parti», lance-t-elle, citée par le quotidien italien.
Angelo Ciocca, député européen et membre de la Ligue, justifie l’intervention de Massimo Adriatici en évoquant la légitime défense. Il souligne toutefois la nécessité d’éviter la mort.
«Ce qui s’est passé à Voghera doit faire réfléchir. Si cela n'avait pas été par un adjoint municipal, intervenu pour défendre une femme harcelée, on parlerait maintenant de violences contre une femme innocente. La mort est toujours à éviter, mais c’était un acte de légitime défense!», a-t-il écrit sur Twitter.
Quanto accaduto a #Voghera deve far riflettere. Se non fosse stato per un assessore leghista, intervenuto a difesa di una donna molestata, ora staremmo parlando di violenza su una donna innocente. La morte è sempre da scongiurare, ma la dinamica é di #legittimadifesa !!#21luglio pic.twitter.com/Ycofql8lJ1
— Angelo Ciocca (@AngeloCiocca) July 21, 2021
Matteo Salvini a lui aussi évoqué la légitime défense, tout en rappelant que la victime était connue défavorablement des services de police pour différentes agressions par le passé. Il a exprimé sa vision de la situation dans une vidéo intitulée «Pas de "Far West": l’hypothèse de la légitime défense fait son chemin», diffusée sur Twitter.
«C'est un coup qui a malheureusement tué un ressortissant étranger qui, comme il s’est avéré, est déjà connu malheureusement dans la ville et par les forces de l'ordre pour des violences, des agressions, voire des actes obscènes dans un endroit public», a mis en valeur M.Salvini.
#Voghera, nessun "far-west": si fa strada l'ipotesi della legittima difesa. pic.twitter.com/kw2O79CfMJ
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) July 21, 2021
Pour Matteo Salvini, l’adjoint municipal à la sécurité de la ville de Voghera a agi en état de «légitime défense» alors qu’il était «victime d'une agression».
Ce que l’on sait de Massimo Adriatici
Originaire de Voghera, ancien commandant de police, adjoint municipal à la sécurité de la ville depuis octobre 2020, militant de la Ligue, Massimo Adriatici possède un cabinet d'avocats. Il a étudié la jurisprudence à l’université du Piémont oriental «Amedeo-Avogadro». Ensuite, il a été professeur de droit procédural dans la même université.
En lien avec les faits, son interview de 2018 pour La Provincia Pavese a refait surface. Massimo Adriatici avait alors déclaré que l’utilisation d’une arme à feu ne pouvait être justifiée que par un danger réel «pour la personne qui l’utilise, pour ses biens ou ceux d’autrui». Il avait alors tenu à préciser «cela ne veut pas dire se faire justice soi-même».