Arrivé jusqu’au plus haut sommet de l’État français, le logiciel Pegasus ne cesse d’attirer l’attention de la communauté internationale. Certes, c’est l’entreprise privée israélienne NSO Group qui a mis en place l’outil d’espionnage dont le Maroc est soupçonné de s’être servi pour viser l’un des téléphones d’Emmanuel Macron. Mais quid des liens de cette entreprise de renseignement avec le gouvernement de l’État hébreu?
Selon Dov Alfon, journaliste franco-israélien de Libération, «sur 700 employés, NSO emploie plus de 200 informaticiens issus de l’Unité 8200», le service de renseignement de l'Armée de défense d'Israël, responsable du renseignement d'origine électromagnétique et du décryptage de codes. Sauf qu’une telle composition de l’effectif va à l’encontre du règlement interne établi par l’Unité 8200 elle-même.
Ainsi, si près d’un tiers de l’effectif de cette entreprise privée est donc intrinsèquement lié au service de renseignement israélien, c’est parce que le gouvernement israélien octroie à NSO «une carte blanche».
Сe qui a convaincu d’anciens militaires de Tsahal «d’accepter l’offre de NSO, malgré leur contrat avec 8200, est l’assurance de leurs supérieurs que NSO bénéficie d’une carte blanche totale pour ses activités», explique ainsi le journaliste.
«Espionnage Élysée» par les USA
Avec l’affaire Pegasus, ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant français essuie des tentatives d’espionnage. Ce n’est pas non plus la première fois que les faits sont attribués à un pays «ami». En 2015, c’est un coup de tonnerre venant d’outre-Atlantique qui secoue la vie politique française. Selon les révélations fracassantes de WikiLeaks, Mediapart et Libération, rassemblées sous l'intitulé «Espionnage Élysée», Washington a écouté les téléphones du sommet de l’État français de 2006 à 2012.
Ainsi, trois Présidents de la République ont été mis sur écoute par les services secrets américains: Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Bien que les actes de l’allié politique et militaire de la France aient été reconnus par la présidence française comme «inacceptables», aucune sanction réelle contre le pays-espion n’a suivi.
«Hackers russes»
Ce silence de la communauté internationale à l’égard de l’État hébreu, soupçonné d’entretenir des liens avec NSO Group, semble être aux antipodes de la vive réaction dont les politiques occidentaux ont l’habitude lorsqu’il s’agit des piratages attribués à des «hackers russes».
Ainsi, en 2020, la riposte de Bruxelles à la tentative de cyberattaque contre l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et de celles connues sous les noms de «WannaCry», «NotPetya» et «Operation Cloud Hopper», imputées, entre autres, à la Russie, a été beaucoup plus sévère. L’UE a notamment imposé des sanctions contre le renseignement militaire russe (GRU) ainsi que quatre ressortissants russes. Moscou pour sa part nie toute implication.