L’extension du pass sanitaire, aussi «nécessaire» que «liberticide»? Ce qu’en disent les Parisiens

© AFP 2023 ALAIN JOCARDUne rue à Paris, le 20 mars 2020
Une rue à Paris, le 20 mars 2020 - Sputnik Afrique, 1920, 20.07.2021
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Passées en Conseil des ministres lundi 19 juillet, les premières applications de l’extension du pass sanitaire devraient débuter dès ce mercredi en France. Nécessaire pour les uns, liberticide pour les autres (ou les deux à la fois): à Paris, les cœurs balancent. Même si «nécessité» semble faire loi.

La mobilisation contre l’extension du pass sanitaire prendra-t-elle de l’ampleur? Le décret paru ce mardi 20 juillet étend son utilisation à certains lieux partout en France. La veille, le Conseil des ministres adoptait le projet de loi comprenant l’obligation vaccinale des soignants et l’extension du dit passeport. «Je comprends que ça puisse porter atteindre à la liberté individuelle de chacun», admet Amira à notre micro. Comme elle, la plupart des Parisiens interrogés par Sputnik «comprend» la mobilisation d’une partie des Français contre ce nouveau permis de circuler. Tout en jugeant «nécessaire» d’en passer par là pour enrayer l’épidémie et repartir de l’avant. C’est «un bon compromis entre ne pas confiner, permettre à la population de profiter de la vie et protéger les citoyens», argumente Amira.

Une nécessité incertaine

Samedi dernier, la manifestation contre la mesure phare des annonces d’Emmanuel Macron le 12 juillet, l’extension du pass sanitaire, a rassemblé, selon les chiffres préfectoraux, 114.000 personnes dans les rues de toute la France. À Paris, on retrouvait en tête de cortège les figures habituelles de l’opposition aux mesures sanitaires de l’exécutif, à l’exemple de Florian Philippot, de Nicolas Dupont-Aignan ou de l’avocat Fabrice Di Vizio.

«Je peux comprendre qu’on manifeste», reconnaît Anna. Enceinte et inquiète, elle fait part à Sputnik de «ses gros questionnements concernant cette obligation» qui «met tout le monde dans le même panier».

«Je vais être obligée de me faire vacciner, même si aujourd’hui personne n’est capable de m’assurer qu’il n’y a pas de risques pour mon bébé», témoigne la future maman.

De son côté, Majid reconnaît la légitimité d’une telle grogne sociale, même si selon lui, «à un moment donné, il faut être raisonnable, il faut se faire vacciner».

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Même son de cloche pour Julia, qui «respecte le droit de chacun de manifester, évidemment». Mais elle tient à rappeler que ce passeport sanitaire pourrait être «la voie d’une potentielle reprise économique» et d’un «semblant de quotidien». 

Autant de citoyens qui devront dès ce mercredi, avec l’entrée en vigueur du décret, présenter leur QR Code dans certains lieux accueillant plus de 50 personnes. Cinémas, salles de spectacle et de jeux, établissements sportifs, ou encore musées seront concernés par ces mesures. «S’il faut passer par cette réduction des libertés», pour une «guérison de cette pandémie», «pourquoi pas?» se s’interroge Gaël, qui semble avoir fait son choix. 

Une «façon trop draconienne»

À l’échelle nationale, c’est pour l’instant une majorité de Français qui est favorable à ce pass sanitaire. Tout au moins selon le sondage Ipsos-Sopra Steria publié vendredi 16 juillet pour France Info et Le Parisien/Aujourd’hui en France. 62% des Français interrogés seraient favorables à la mise en place de ce nouveau certificat pour entrer dans un lieu public. L’âge des concernés par ces mesures jouerait pour beaucoup: les retraités y seraient bien plus favorables que les plus jeunes, en majorité réfractaires.

​Il y a aussi l’art et la manière. Pour Emeline, si le pass est «une bonne idée» pour inciter les gens à se faire vacciner, il a été «imposé de façon trop draconienne». Et Franck de rappeler que l’opposition actuelle témoigne «surtout de tout ce qu’il y a eu autour du coronavirus» qui explique selon lui «que tout le monde déteste le pass sanitaire». 

Que représentera dans les prochains mois cette frange de la population toujours rétive au pass sanitaire ou à la vaccination obligatoire? Pas sûr qu’elle ne résiste au regard des derniers chiffres. En France, ce sont près de 37 millions de personnes qui ont déjà reçu leur première dose. De même qu’à l’annonce des mesures d’Emmanuel Macron la semaine dernière, près de quatre millions de Français se ruaient sur la plateforme Doctolib pour prendre un rendez-vous de vaccination.

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