Le pass sanitaire pourra-t-il enrayer la quatrième vague? «C’est trop tard», selon Jérôme Marty

© AFP 2024 PHILIPPE LOPEZDes soignants dépistent le Covid-19 avec un test PCR à Bacalan près de Bordeaux, mai 2021
Des soignants dépistent le Covid-19 avec un test PCR à Bacalan près de Bordeaux, mai 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 19.07.2021
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Alors que le projet de loi relatif au pass sanitaire est présenté ce lundi 19 juillet en Conseil des ministres, l’efficacité du dispositif n’est pas garantie. Pour le médecin généraliste Jérôme Marty, l’imposition du sésame ne suffira pas pour éviter un rebond épidémique dans les jours qui viennent.
«Une nouvelle fois, le virus risque d’avoir gagné», prédit avec inquiétude Jérôme Marty au micro de Sputnik.

Pour le président de l’Union française pour une médecine libre (UFLM), un syndicat professionnel de médecins généralistes, le pass sanitaire, présenté ce lundi 19 juillet en Conseil des ministres, n’y changera rien:

«C’est trop tard! On va avoir des clusters partout à cause du variant Delta dans les jours qui viennent», alerte le médecin généraliste à Fronton (Haute-Garonne).

Plus inquiétant, le test PCR négatif de moins de quarante-huit heures, censé conditionner l’accès à certains lieux publics (outre la vaccination), est de plus en plus décrié. Selon l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine, trente-cinq personnes ont ainsi été testées positives au Covid-19 ce dimanche 18 juillet après plusieurs soirées dans une boîte de nuit de Bordeaux (Gironde). Et ce malgré le contrôle des ausweiss, d’ores et déjà obligatoires dans les discothèques et les rassemblements de plus de 1.000 personnes depuis le 9 juillet.

Le manque de fiabilité des tests PCR et antigéniques

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Si la crainte d’un laxisme des contrôles ne rassure guère (ce dont l’organisateur de la soirée à Bordeaux se défend cependant), c’est surtout le délai de quarante-huit heures qui pose question. Sachant que les symptômes du SARS-CoV-2 se révèlent la plupart du temps quelques jours après l’infection, notamment à partir de soixante-douze heures, la fiabilité des tests PCR est mise en doute. Cas pratique: si une personne contracte le virus un jeudi par exemple, il y a de très grandes chances pour que le test PCR qu’elle réalisera le lendemain soit négatif, car la charge virale n’aura pas encore atteint son pic. Si cette même personne se rend dans un bar ou une boîte de nuit le vendredi ou le samedi soir (son test négatif l’y autorise), elle sera susceptible de contaminer des dizaines de personnes sans même le savoir.

Pour éviter ce trou dans la raquette, les Pays-Bas ont réduit la période de validité de quarante heures à vingt-quatre heures. L’Allemagne est plus stricte encore puisqu’elle exige de son côté un test antigénique négatif (et non PCR) du jour, même pour autoriser l’accès aux bars et restaurants en intérieur. Les tests antigéniques ont le mérite de donner un résultat immédiat ou presque, dans les trente minutes suivant l’application. Pour Jérôme Marty, la France devrait imiter ses voisins hollandais et allemand et proposer «une vraie politique d’autotests distribués partout, notamment pour les boîtes de nuit». «Le test PCR de moins de quarante-huit heures n’offre pas assez de garanties», déplore le généraliste.

Problème: comparés aux tests PCR, les tests antigéniques sont encore moins fiables. Dans un avis rendu le 14 novembre dernier, le Conseil scientifique estimait ainsi que les tests antigéniques détectent essentiellement «les sujets à la phase contagieuse de l'infection où la charge virale est plus élevée». Avant d’ajouter: «Mais il passe à côté des infections débutantes. Si bien que des sujets détectés négatifs en début d'infection pourront être contagieux dans les trois jours suivants.» Dans un avis rendu le 19 avril dernier, le Conseil scientifique précise que l’efficacité des autotests antigéniques (ATAG) était comprise «entre 50 et 70% chez les asymptomatiques», et «supérieure à 98%» pour les patients présentant des symptômes du virus.

Éviter à tout prix la saturation dans les hôpitaux

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Seule solution pour Jérôme Marty: une «vaccination massive» de la population française dans les jours et les semaines qui viennent. Une option qui risque bien de ne pas plaire aux plus de 114.000 personnes (selon les autorités) réunies dans toute la France ce samedi 17 juillet pour manifester leur opposition au pass sanitaire et à la «dictature» qu’il suppose selon eux.

De fait, même si une large couverture vaccinale ne devrait pas éviter une envolée du taux d’incidence (nombre de personnes contaminées pour 100.000 habitants) et donc une flambée des contaminations sur le territoire français, l’enjeu est d’éviter à tout prix les formes graves, plaide le président de l’UFLM.

«Le pass sanitaire n’est pas inutile, notamment pour la vaccination. Tout en sachant néanmoins qu’on peut être vacciné et contaminant», prend soin de préciser Jérôme Marty.

Cela étant dit, le rebond de l’épidémie de Covid-19 à cause du variant Delta en Angleterre et en Israël ne s’est (pour le moment) pas accompagné d’une saturation des hôpitaux et des services de réanimation. Mais, dans ces deux pays, la couverture vaccinale atteint respectivement 54% et 58% de l’ensemble de la population, contre 40% en France.

​Dans les Pyrénées-Orientales, la situation est particulièrement préoccupante. Le taux d’incidence atteint ainsi 300 cas pour 100.000 habitants, contre 63 en moyenne dans le reste de la France. Pour mémoire, le seuil d’alerte a été fixé à 50 par les autorités. Lors de son allocution du 12 juillet dernier, Emmanuel Macron avait indiqué que de nouvelles «mesures de freinage territorialisées» (port du masque en extérieur, retour au télétravail, abaissement des jauges, couvre-feu et/ou reconfinement) seraient envisagées à partir d’un taux d’incidence de 200. Au vu de la dynamique actuelle de l’épidémie en France, Jérôme Marty n’est guère optimiste:

«Il suffit de voir comment cela se passe dans les Pyrénées-Orientales: par capillarité, ça va déborder sur d’autres territoires», prévient-il.
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