Le parquet de Bobigny a ouvert le 29 juin une enquête préliminaire pour préciser les raisons et les responsabilités de chacun dans les violences qui ont éclaté le 4 juin, annonce Mediapart.
La plainte collective a été déposée pour «violences volontaires commises en réunion avec usage d’une arme et en raison de l’appartenance de la victime à une ethnie ou une prétendue race ou religion déterminée», ainsi que pour «mise en danger de la vie d’autrui». Elle est accompagnée de nombreux témoignages, enregistrements vidéo et certificats médicaux qui prouvent l’extrême violence de l’intervention des policiers.
Ce jour-là, plusieurs familles du quartier de la Plaine Saint-Denis, qui s’étaient rassemblées pour honorer la mémoire d’un jeune homme de 20 ans décédé la veille, ont été la cible de tirs de grenades lacrymogènes et de LBD par des policiers.
Promu préfet de région
Contacté par Mediapart, le maire socialiste de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, ne prend pas position et se «félicite» de l’ouverture d’une enquête pour «tirer les choses au clair» sur une «intervention qui est partie en vrille». Toutefois, il estime que qualifier l’action «de ratonnade est un scandale».
Dans ce contexte, le journal révèle que le chargé des opérations, le préfet Georges-François Leclerc –visé par la plainte d’une femme blessée à Nice par une charge policière en 2019– vient d’être promu préfet de région des Hauts-de-France. L’avocat des familles rappelle pour sa part que le préfet est connu pour être «radicalement antimigrants».
L’opération
Le 4 juin, une veillée funéraire organisée par les habitants du quartier de La Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en mémoire d’un jeune de 20 ans mort le jour précédent a débouché sur une intervention de plusieurs patrouilles de police qui ont fait usage de grenades lacrymogènes et de LBD.
À l’initiative de plusieurs mères du quartier, les habitants de La Plaine Saint-Denis étaient invités à venir soutenir la famille du défunt. Ce dernier a succombé à ses blessures reçues le 14 avril au cours d’une course-poursuite avec la police.
C’est vers 21 heures, lorsque les parents commencent à ranger le local «pour respecter le couvre-feu», qu’une voiture de police se gare devant. Plusieurs mères sortent expliquer aux policiers que les familles sont venues se recueillir et s’apprêtent à rentrer chez elles. Cependant, les policiers ont crié «Dégagez!» et l’un d’eux a lancé une grenade de gaz lacrymogène, avait raconté un témoin.
Mediapart a interrogé au sujet de cette violence la préfecture de police de Paris dont dépend le quartier de La Plaine Saint-Denis et un commandant de police lui a précisé, «en off», qu’il s’agissait d’un attroupement interdit.
La préfecture de police de Paris n’a pas souhaité apporter d’explication sur l’emploi de grenades lacrymogènes en présence d’enfants en bas âge, indiquant seulement que «lorsque les policiers ont demandé de libérer la voie publique où étaient stationnés plusieurs véhicules, ils ont été pris à partie par plusieurs jeunes et ont dû appeler des renforts».
Plusieurs personnes ont raconté à Mediapart avoir reçu des coups de matraque, tandis que l’une d’elle a reçu un tir de LBD dans la cuisse, mais a été secouru par des habitants.