Trois gendarmes ayant arrêté Adama Traoré ont été décorés

© AFP 2024 Bertrand GuayMarche pour Adama Traoré à Paris
Marche pour Adama Traoré  à Paris - Sputnik Afrique, 1920, 17.07.2021
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Mediapart a révélé la décoration en septembre 2019 de trois gendarmes pour avoir participé à l’interpellation d’Adama Traoré au cours de laquelle ce dernier est décédé. L’avocat de la famille y voit un déshonneur pour toute la gendarmerie nationale.

À la veille d’une marche que la famille d’Adama Traoré organise ce samedi 17 juillet en mémoire du jeune homme de 24 ans décédé le 19 juillet 2016 lors d’une interpellation, Mediapart a annoncé vendredi que trois gendarmes impliqués dans les faits avaient été décorés le 5 septembre 2019.

La récompense d’un engagement «qui fait honneur à la gendarmerie»

Selon les informations du média d’investigation, alors que l’instruction est toujours en cours et qu’ils ont été auditionnés par les enquêteurs en tant qu’auteurs de l’interpellation, Romain F., Arnaud G. et Mathias U. ont reçu une «citation sans croix simple à l’ordre du régiment» pour être «parvenus» à «localiser et interpeller» Adama Traoré le 19 juillet 2016 et pour avoir fait preuve «en la circonstance, d’un engagement remarquable et d’une détermination sans faille qui font honneur à la gendarmerie nationale».

Mediapart précise qu’il n’y a nulle trace au Journal officiel de ce type de récompense habituellement accordée pour un service exceptionnel, un acte de bravoure en mettant sa vie en danger.

Une récompense «qui déshonore la gendarmerie nationale»

L’avocat de la famille Traoré, Yassine Bouzrou, juge «scandaleux qu’on puisse décorer des gendarmes pour avoir causé la mort d’un jeune homme lors de son interpellation».

«Nous avons des éléments objectifs qui prouvent que les gendarmes sont à l’origine du décès d’Adama Traoré», avance-t-il.

Cette récompense «déshonore toute l’institution de la gendarmerie nationale, incapable d’enquêter sur les violences commises par ses propres agents», conclut Me Bouzrou.

Mediapart rappelle que ces trois gendarmes avaient poursuivi, pour diffamation, la sœur d’Adama Traoré, Assa Traoré, pour avoir, en juillet 2019, posté sur Facebook une tribune intitulée «J’accuse», les mettant en cause, nommément, dans le décès de son frère.

Marche en mémoire d'Adama Traoré

Pour commémorer les cinq ans de la mort d’Adama Traoré, sa famille et ses soutiens organisent ce samedi 17 juillet leur traditionnelle marche annuelle pour réclamer «justice» pour le jeune homme noir. Selon les informations de l’AFP, le cortège partira à 14h de la gare de Persan-Beaumont (Val-d’Oise) après une conférence de presse.

Un complément d’expertise médicale ordonné

L’AFP a appris ce samedi de source proche du dossier que les juges d’instruction chargés de l’affaire Adama Traoré ont ordonné un complément d’expertise médicale après avoir recueilli de nouveaux témoignages et éléments médicaux.

Ce complément a été demandé fin juin aux quatre médecins belges qui avaient rendu en janvier un nouveau rapport censé trancher la bataille d’expertises contradictoires au cœur de ce dossier.

Selon l’AFP, les experts doivent dire d'ici au 31 août si ces nouveaux éléments ont «vocation à modifier» leurs conclusions initiales, qui évoquait aussi le rôle joué, «dans une plus faible mesure», par une maladie génétique et une pathologie rare dont souffrait Adama Traoré.

Les experts belges avaient conclu que la mort du jeune homme, le 19 juillet 2016 dans la caserne de Persan (Val-d'Oise), avait été causée, en ce jour de canicule, par un «coup de chaleur» qui n'aurait toutefois «probablement» pas été mortel sans son interpellation sous le poids des trois gendarmes.

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