Une séquence de la conférence de presse consacrée au film La Fracture présenté au 74e Festival de Cannes tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Celle où le comédien Pio Marmaï, qui joue un camionneur Gilet jaune blessé par une grenade lancée par les forces de l'ordre, s’en prend à Emmanuel Macron.
«Macron j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et par les tuyaux et lui péter la gueule, ça évidemment un peu comme tout le monde, dans l'absolu», a-t-il déclaré en évoquant le parcours de son personnage dans le film.
Des propos qui ont rapidement fait réagir non seulement les simples internautes, mais aussi des personnalités politiques.
«L’appel à la violence n’a sa place nulle part, et votre statut ˝d’artiste˝ ne le rend ni plus intelligent ni plus acceptable. C’est même l’inverse: vous remportez la palme du propos le plus vulgaire», a tweeté Christophe Castaner, qui a rempli les fonctions de ministre de l’Intérieur au moment des manifestations des Gilets jaunes.
L’appel à la violence n’a sa place nulle part, et votre statut « d’artiste » ne le rend ni plus intelligent ni plus acceptable.
— Christophe Castaner (@CCastaner) July 10, 2021
C’est même l’inverse : vous remportez la palme du propos le plus vulgaire. https://t.co/0BK2EWHXcL
«Certains devraient essayer la crise dans un autre pays juste histoire d'avoir un point de comparaison», a renchéri la députée LREM Anne-Laurence Petel.
Certains devraient essayer la crise dans un autre pays juste histoire d'avoir un point de comparaison.#Cannes2021 #PioMarmai #enfantgâté https://t.co/AS9VFbxjn3
— Anne-Laurence Petel (@al_petel) July 10, 2021
Invitée de LCI ce 11 juillet, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, a réagi pour sa part sur LCI.
«On ne peut pas dire n'importe quoi n'importe comment sans voir les conséquences qui sont en train de s'étendre partout. Sur les réseaux sociaux, tout le monde peut se menacer de mort, s'insulter sans que personne ne trouve rien à redire. Moi, ça me choque qu'un acteur parle ainsi du Président de la République française», a-t-elle déclaré dans une émission de la chaîne.
«Il suffit d’écouter l’extrait en entier»
Certains appellent à ne pas oublier la fin de la phrase, où l’acteur explique ses propos.
«Mais ce qui est intéressant c’est de se dire: comment est-ce qu’on raconte cette révolte? Qu’elle passe par la langue ou par l’acte de violence? Moi, c’est ce que j’ai essayé de raconter.»
Au cas où des macronistes auraient du mal à se concentrer plus de 20sec, #PioMarmai termine en disant
— Allan BARTE (@AllanBARTE) July 11, 2021
"Mais ce qui est intéressant c'est comment est-ce qu'on raconte cette révolte, qu'elle passe par la langue ou par l'acte de violence ? Moi c'est ce que j'ai essayé de raconter" https://t.co/71hN4c4x8R
«Il suffit d’écouter l’extrait en entier.»
Il suffit d'écouter l'extrait en entier de #PioMarmai pour savoir que les propos qu'il tient ne sont pas de lui mais du personnage qu'il joue.pic.twitter.com/lxD01uAhCp
— Jean Hugon 🇵🇸 (@JeanHugon3) July 11, 2021
Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis -Montreuil et Bagnolet-, évoque lui aussi les paroles «d'un artiste citant les propos de son personnage contre le pouvoir».
Que l'on soit d'accord ou pas..si l'on ne tolère plus aucune insolence, outrance, et même violence verbale, d'un artiste citant les propos de son personnage contre le Pouvoir, alors demain le théâtre, le cinéma et la création artistique n'ont plus de raison d'exister. #PioMarmai https://t.co/C9J8fk3qNi
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) July 11, 2021
«Un droit de révolte»
Brut FR publie pour sa part la vidéo complète d’où a été tiré l’extrait et explique l’origine de cette polémique après que l’acteur a répondu à une question du média.
«Si j’avais Macron en face de moi, je lui dirais: ˝Qu’est-ce qu’il se passe là […] Qu’est-ce qui est en train de se passer?˝ Mais malheureusement, il n’est pas là.»
Par la suite, Pio Marmaï a précisé ses propos à Brut qui lui a demandé ce qu’il aurait dit à Emmanuel Macron s’il le rencontrait. L’acteur a indiqué qu’il demanderait en premier lieu si le Président se rendait compte de la présence d’un problème.
"Macron, j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et par les tuyaux et lui péter la gueule"#PioMarmai : le contexte derrière la polémique. pic.twitter.com/4bD6cPreE3
— Brut FR (@brutofficiel) July 11, 2021
Il a par ailleurs évoqué son rôle de Gilet jaune, précisant qu’il incarnait «un droit de révolte».
Le film
Dans La Fracture, de Catherine Corsini, en lice pour la Palme d’or, l’acteur incarne un routier grièvement blessé par des CRS au cours d’une manifestation de Gilets jaunes. Conduit aux urgences d’un hôpital en grève, il s’y retrouve à côté d’une dessinatrice, interprétée par Valeria Bruni Tedeschi, qui s’est cassée le bras. C’est ici que les deux personnages vont se rencontrer et discuter. C’est ici que le personnage de Pio Marmaï explique que les Gilets jaunes auraient dû passer par les égouts pour aller exprimer leur colère à Emmanuel Macron plutôt que d’essayer d’accéder aux portes de l’Élysée.
Le film a reçu un accueil chaleureux du public, mais a divisé la critique, indique Arte.
La 74e édition du Festival de Cannes s’est ouverte le 6 juillet. Elle avait été annulée en 2020 en raison de la pandémie et reportée cette année de mai à juillet. La palme d’Or est disputée par 24 films.