«Macron, j’aimerais bien lui péter la gueule»: les propos de Pio Marmaï font polémique

© AFP 2024 VALERY HACHEPio Marmai
Pio Marmai - Sputnik Afrique, 1920, 11.07.2021
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Durant la conférence de presse de l’équipe de La Fracture, le film de Catherine Corsini où il incarne un Gilet jaune, Pio Marmaï a prononcé une phrase selon laquelle il aimerait bien se rendre à l’Élysée pour «péter la gueule» d’Emmanuel Macron. Des propos qui ont déclenché une vive polémique mais qui semblent avoir été sortis de leur contexte.

Une séquence de la conférence de presse consacrée au film La Fracture présenté au 74e Festival de Cannes tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Celle où le comédien Pio Marmaï, qui joue un camionneur Gilet jaune blessé par une grenade lancée par les forces de l'ordre, s’en prend à Emmanuel Macron.

«Macron j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et par les tuyaux et lui péter la gueule, ça évidemment un peu comme tout le monde, dans l'absolu», a-t-il déclaré en évoquant le parcours de son personnage dans le film.

Des propos qui ont rapidement fait réagir non seulement les simples internautes, mais aussi des personnalités politiques.

«L’appel à la violence n’a sa place nulle part, et votre statut ˝d’artiste˝ ne le rend ni plus intelligent ni plus acceptable. C’est même l’inverse: vous remportez la palme du propos le plus vulgaire», a tweeté Christophe Castaner, qui a rempli les fonctions de ministre de l’Intérieur au moment des manifestations des Gilets jaunes.

«Certains devraient essayer la crise dans un autre pays juste histoire d'avoir un point de comparaison», a renchéri la députée LREM Anne-Laurence Petel.

Invitée de LCI ce 11 juillet, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, a réagi pour sa part sur LCI.

«On ne peut pas dire n'importe quoi n'importe comment sans voir les conséquences qui sont en train de s'étendre partout. Sur les réseaux sociaux, tout le monde peut se menacer de mort, s'insulter sans que personne ne trouve rien à redire. Moi, ça me choque qu'un acteur parle ainsi du Président de la République française», a-t-elle déclaré dans une émission de la chaîne.

«Il suffit d’écouter l’extrait en entier»

Certains appellent à ne pas oublier la fin de la phrase, où l’acteur explique ses propos.

«Mais ce qui est intéressant c’est de se dire: comment est-ce qu’on raconte cette révolte? Qu’elle passe par la langue ou par l’acte de violence? Moi, c’est ce que j’ai essayé de raconter.»

«Il suffit d’écouter l’extrait en entier.»

Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis -Montreuil et Bagnolet-, évoque lui aussi les paroles «d'un artiste citant les propos de son personnage contre le pouvoir».

«Un droit de révolte»

Brut FR publie pour sa part la vidéo complète d’où a été tiré l’extrait et explique l’origine de cette polémique après que l’acteur a répondu à une question du média.

«Si j’avais Macron en face de moi, je lui dirais: ˝Qu’est-ce qu’il se passe là […] Qu’est-ce qui est en train de se passer?˝ Mais malheureusement, il n’est pas là.»

Par la suite, Pio Marmaï a précisé ses propos à Brut qui lui a demandé ce qu’il aurait dit à Emmanuel Macron s’il le rencontrait. L’acteur a indiqué qu’il demanderait en premier lieu si le Président se rendait compte de la présence d’un problème.

Il a par ailleurs évoqué son rôle de Gilet jaune, précisant qu’il incarnait «un droit de révolte».

Le film

Dans La Fracture, de Catherine Corsini, en lice pour la Palme d’or, l’acteur incarne un routier grièvement blessé par des CRS au cours d’une manifestation de Gilets jaunes. Conduit aux urgences d’un hôpital en grève, il s’y retrouve à côté d’une dessinatrice, interprétée par Valeria Bruni Tedeschi, qui s’est cassée le bras. C’est ici que les deux personnages vont se rencontrer et discuter. C’est ici que le personnage de Pio Marmaï  explique que les Gilets jaunes auraient dû passer par les égouts pour aller exprimer leur colère à Emmanuel Macron plutôt que d’essayer d’accéder aux portes de l’Élysée.

Le film a reçu un accueil chaleureux du public, mais a divisé la critique, indique Arte.

La 74e édition du Festival de Cannes s’est ouverte le 6 juillet. Elle avait été annulée en 2020 en raison de la pandémie et reportée cette année de mai à juillet. La palme d’Or est disputée par 24 films.

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