Moscou pointe «toutes sortes d’incohérences» dans les déclarations de l’OIAC sur Navalny

© Sputnik . Pavel Biedniakov / Accéder à la base multimédiaAlexeï Navalny lors de son procès dans le cadre de l’affaire Yves Rocher
Alexeï Navalny lors de son procès dans le cadre de l’affaire Yves Rocher - Sputnik Afrique, 1920, 10.07.2021
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L’affaire Navalny continue d’empoisonner les relations entre la Russie et les pays occidentaux et ce, alors que le dossier pose de plus en plus de questions auxquelles Moscou compte bien recevoir des réponses.

La Russie s’adressera à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) pour savoir comment des experts ont pu être dépêchés en Allemagne le jour même de l'incident avec Alexeï Navalny, alors que les dates de leur déplacement étaient autres, a déclaré à Sputnik l’ambassadeur de Russie auprès de cette structure, Alexandre Choulguine.

«Encore une fois la question du présumé empoisonnement d'Alexeï Navalny par un certain gaz toxique de combat a été soulevée. Se pencher sur les dossiers antirusses est apparemment devenu obligatoire pour les pays de l'Otan à chaque réunion de l'OIAC», a-t-il commenté.

Or, selon lui, de nouveaux faits de fraude et «toutes sortes d’incohérences» continuent de faire surface: ainsi, lors de l’élaboration du projet de rapport de l'OIAC au sujet de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques en 2020, le Secrétariat technique a annoncé avoir dépêché le 20 août 2020 un groupe d'experts pour accorder une assistance technique à l’Allemagne alors que l’empoisonnement d’un citoyen russe était à suspecter.

«Mais alors c’est pendant que Navalny éprouvait les premiers signes de malaise à bord de l'avion le ramenant de Tomsk à Moscou que les inspecteurs de l'OIAC l'attendaient en Allemagne? Nous avons demandé qu’il nous soit expliqué comment c’était possible et pourquoi les pays membres avaient été induits en erreur, le départ de spécialistes du Secrétariat en Allemagne ayant été daté des 4 et 5 septembre 2020. Fait intéressant: le Secrétariat technique était incapable de nous dire quoi que ce soit. En bref, les questions sont nombreuses», a constaté Alexandre Choulguine.

Il a ajouté que pour chaque cas concret, la Russie exigerait des «explications intelligibles».

Y a-t-il eu empoisonnement?

Alexeï Navalny a été hospitalisé le 20 août à Omsk après avoir fait un malaise dans l'avion qui effectuait un vol reliant Tomsk à Moscou. À l’issue d’examens, les médecins d'Omsk –où l’avion s’est posé en urgence pour que l’homme soit secouru– ont déclaré que le diagnostic principal était un trouble métabolique ayant provoqué un changement du taux de glycémie. Les médecins d'Omsk ont assuré n’avoir détecté aucun poison dans le sang ni dans les urines de Navalny.

Par la suite, il a été transporté par avion en Allemagne, après quoi le gouvernement de ce pays a affirmé, se référant à des médecins militaires, qu’Alexeï Navalny avait été empoisonné par une substance du groupe des agents neurotoxiques Novitchok. Le cabinet allemand a déclaré plus tard que les conclusions des experts allemands avaient été étayées par des analyses de laboratoires suédois et français et que, parallèlement, l'OIAC menait sa propre enquête à la demande de Berlin.

Le Kremlin a noté pour sa part que les autorités allemandes ne l'avaient pas informé de leurs conclusions, tandis que le ministère russe des Affaires étrangères a souligné que la Russie attendait une réponse de la part de l'Allemagne à sa requête officielle de clarifier la situation: en un mois, Moscou a envoyé trois demandes d'assistance juridique concernant l’affaire Navalny qui n’ont reçu aucune réponse. Le parquet et la police ont ouvert chacun une enquête le jour même où Alexeï Navalny a été hospitalisé.

Les autorités allemandes n'avaient précédemment pas nié que les services de renseignement (BND) avaient eu accès à l'agent Novitchok dès les années 1990.

Envenimement des relations Russie-UE

Après avoir suivi un traitement en Allemagne et s’être remis, Alexeï Navalny a, lors d’une interview qu’il a accordée à Der Spiegel, accusé Vladimir Poutine d’être responsable de l’affaire.

Il est rentré en Russie au mois de janvier et a été arrêté pour violation des modalités de son contrôle judiciaire, imposé dans le cadre de l’affaire Yves Rocher de 2014. La justice russe a commué sa peine avec sursis en deux ans et huit mois de prison ferme.

L'Union européenne a décrété des sanctions contre un institut scientifique et six personnes physiques russes, ces dernières s’étant vu interdire l'entrée dans l'Union européenne. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a alors déclaré que la Russie avait pris elle aussi des mesures restrictives à l’encontre de plusieurs représentants d'Allemagne et de France.

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