Cible des groupes terroristes actifs au Sahel, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a perdu plus de 160 hommes depuis sa création en avril 2013. Lors d’une conférence de presse en visioconférence jeudi 8 juillet, Olivier Salgado, porte-parole de la Minusma, a fait état de plusieurs attaques menées contre les Casques bleus.
«Ce matin, trois membres ont été blessés lorsque leur véhicule a heurté un engin explosif près de la ville de Kidal, au nord du Mali. Le 30 juin, des hommes armés ont ouvert le feu sur un convoi logistique de la Minusma qui se rendait de Gao à Tessalit. Un contractant de la force onusienne a été mortellement touché. Le même jour, une unité de la Minusma qui se rendait à Kidal en compagnie d’un détachement de l’armée malienne reconstituée a été prise pour cible à deux reprises. Une des attaques opérées avec un véhicule piégé a fait 13 blessés parmi les Casques bleus», a-t-il indiqué.
Évaluation en cours
«Nous avons suivi l’annonce de faire évoluer l’opération Barkhane. Comme vous le savez, les activités de la Mission sont déterminées en fonction du mandat qui nous a été donné et nous coopérons avec toutes les forces en présence au Mali, y compris avec la force Barkhane. Toute évolution de cette opération [française, ndlr] induira des conséquences que nous devrons prendre en compte. Un travail d’évaluation est actuellement en cours mais il est encore trop tôt pour parler de mesures spécifiques sur le terrain».
Le porte-parole de la Minusma a expliqué que les détails sur cette évolution seraient «révélés lors du sommet du G5 Sahel qui se tiendra vendredi 9 juillet par vidéoconférence». Toutefois, il s’est montré optimiste quant au maintien de l’appui militaire français au profit des unités de Casques bleus déployées au Mali. «Quel que soit le nouveau format militaire français, la volonté d’appuyer la Minusma reste», a ainsi précisé Olivier Salgado. À ce titre, il a rappelé le paragraphe 43 de la résolution du Conseil de sécurité de l’Onu adoptée le 29 juin 2021 et portant prolongation du mandat de la Minusma.
«Autorise les forces françaises à user de tous moyens nécessaires, dans la limite de leurs moyens et dans leurs zones de déploiement, jusqu’à la fin du mandat confié à la Minusma par la présente résolution, pour intervenir à l’appui d’éléments de la Mission en cas de menace grave et imminente, à la demande du Secrétaire général, et prie la France de lui rendre compte de l’application du présent mandat au Mali», est-il précisé dans ce paragraphe.
Crise de confiance
Toutefois, l’engagement militaire international sous toutes ses formes ne semble pas être apprécié par la population malienne. C’est ce que fait ressortir l’étude d’opinion Mali-Mètre élaborée par la fondation allemande Friedrich-Ebert.
Selon le Mali-Mètre, un sondage qui, malgré l’insécurité, continue de mesurer l’opinion sur le territoire chaque année, les Maliens ont davantage confiance en leur armée qu’en #Barkhane ou la #Minusma. @MorganeLeCam @LeMonde_Afrique
— @ASSN Africa (@ASSN_Africa) July 7, 2021
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Interrogé par Sputnik sur le taux de 13% d’indice de confiance recueilli par la Minusma, Olivier Salgado a estimé que certains facteurs géographiques ont «défavorisé» la mission onusienne.
«L’étude Mali-mètre est ce fantastique travail qui permet à chacun de se faire une idée sur le pouls de l’opinion publique malienne. Mais il faut étudier toutes les données avec précaution, ce sont les résultats d’une étude nationale dont les répondants vivent à une écrasante majorité dans des endroits où la Minusma n’opère pas. Je vous citerai les localités de Kaï, Sikasso et Ségou. Ce sont des données qui ne jouent clairement pas en notre faveur. Pendant que 330 personnes ont été interrogées à Sikasso, 80 personnes ont été interrogées à Tombouctou», dans le nord du pays, a-t-il insisté.
Selon lui, «l’action de la Minusma, sa présence et son impact se mesurent réellement par les populations qui en bénéficient directement dans les régions du nord où 90% de notre personnel est déployé».