Le ministère argentin de la Santé a publié un rapport intermédiaire sur la campagne vaccinale dans le pays qui énumère notamment les effets secondaires des préparations anti-Covid qu’il utilise: le vaccin russe Spoutnik V, le Covishield d’AstraZeneca et le Sinopharm chinois.
Le Spoutnik V est en tête de liste avec près de sept millions de doses, suivi de Sinopharm (3,5 millions) et de produit d'AstraZeneca (2,5 millions). Sur 12.801.115 doses administrées au total depuis le début de la campagne de vaccination, soit une couverture vaccinale de 10% (pour qui a reçu les deux doses selon les chiffres au 6 juillet).
C’est avec le produit russe, «le plus utilisé à ce jour», que la vaccination a été lancée en Argentine, qui compte quelque 45 millions d’habitants, le 26 décembre 2020, précise le ministère. Le pays a en outre entamé la production de la préparation, avait annoncé le Fonds russe d’investissements directs (RFPI) en avril 2021.
Le rapport documente les «évènements possiblement attribués à la vaccination ou immunisation» (ESAVI): 45.728 au total, dont la plupart (40.445) après l’administration du Spoutnik V, 3.543 après le Covishield et 1.740 après le Sinopharm.
Sur 100.000 personnes ayant reçu le Spoutnik V, les effets secondaires se sont manifestés chez 0,55% des personnes vaccinées (548,73) et dans 0,0027% des cas (2,78) elles ont dû être traitées à l’hôpital.
Les effets les plus fréquents
Les vaccinés à l’aide du produit russe ont souffert le plus souvent de maux de tête, d’une légère fièvre, de faiblesse générale et de douleurs au niveau du point d'injection. Ces symptômes représentent ensemble 97% de tous les cas d'effets secondaires.
Des troubles du tractus gastro-intestinal sont survenus chez 678 patients et une réaction allergique a été constatée chez 634 patients. Une adénopathie a été observée chez 94 personnes. Neuf patients ont souffert d’une anaphylaxie et neuf autres ont signalé un goût métallique dans la bouche. Six patients ont eu de la fièvre au-dessus de 40°C.
Réactions d’origine inconnue
Il y a eu cinq cas d'effets secondaires d'origine inconnue –leur lien avec l'administration du vaccin n'a pas été précisément établi: deux cas de syndrome de Guillain-Barré (une réaction auto-immune dans laquelle le système immunitaire attaque le système nerveux périphérique), deux cas de thrombopénie (une diminution du taux de plaquettes dans le sang) et un cas de péricardite (une maladie inflammatoire du tissu entourant le cœur).
Les conclusions des autorités sanitaires argentines coïncident pour l’essentiel avec la notice d’utilisation du Spoutnik V.
Les femmes (74% des cas d'effets secondaires) s’avèrent d’ailleurs avoir été les plus affectées en Argentine. Pour le ministère de la Santé, ce fait s’explique par les particularités de la campagne de vaccination. Le pays a vacciné en premier lieu les enseignants, médecins et autres personnels sociaux, des secteurs majoritairement féminins.
Commentaire de la Russie
Un porte-parole du RFPI a conclu que l’étude argentine avait confirmé l’«innocuité du vaccin Spoutnik V», avec lequel les «cas d'événements indésirables graves nécessitant une hospitalisation sont extrêmement rares».
Le directeur du Fonds, Kirill Dmitriev, s’est d’ailleurs réjoui de l’éditorial dans la revue Nature dont l’auteur Bianca Nogrady constatait que les données provenant des pays qui vaccinent leur population avec la préparation russe attestent de son efficacité et de l’absence d’effets secondaires dangereux.
En cela, si «des questions demeurent sur la qualité de surveillance des possibles effets secondaires», selon l’auteur, de nouvelles données publiées par le ministère argentin de la Santé semblent y remédier.
Efficacité entre 91% et 97%
Approuvé dans près de 70 pays jusqu’ici, le Spoutnik V est toujours dans l’attente de l’autorisation pour utilisation d’urgence par l’Agence européenne des médicaments (EMA) et l’OMS. Le Président russe a annoncé s’être lui-même fait vacciner avec ce produit de l’institut de recherche russe Gamaleïa.
L’efficacité du vaccin s’établissait à 97,6% sur la base de l'analyse des données de 3,8 millions de Russes entièrement vaccinés et à 91,6% sur la base du nombre de cas de Covid-19 dépistés à partir de 21 jours après l’injection de la première dose, selon la revue médicale The Lancet.