«CNews est la première brèche dans le barrage. Donc il y a une sorte de pression derrière, le courant est très puissant», annonce Guillaume Bigot à notre micro.
Justement, le politologue officie sur la chaîne tant décriée par ses concurrents. Il voit dans ce succès d’audience la preuve du «début de la fin ou de la fin du début» de l’ère du politiquement correct dans les médias en France. Ni de droite ni d’extrême droite, CNews, pour Guillaume Bigot, «assume une ligne éditoriale». Celle des «somewhere», les gens enracinés face aux «anywhere», les nomades modernes. Une référence à la distinction désormais célèbre de l’intellectuel britannique David Goodhart. La chaîne fait aussi la part belle à «des voix complètements dissonantes», insiste Guillaume Bigot.
Pour l’auteur de La Populophobie: le gouvernement de l’élite, par l’élite et pour l’élite (Éd. Plon), les invectives et les empoignades qui animent les plateaux de CNews ne sont pas une marque de fabrique. L’essayiste voit dans cette «culture du clash» la marque d’une époque qui conjugue deux tendances: la compression souvent simplificatrice du discours exigée par les nouveaux médias et la «chute générale du niveau». «Plus le niveau baisse, plus on monte le ton», résume à gros traits l’invité de Sputnik donne la parole. Néanmoins, pour lui, «CNews ne reflète pas plus qu’un autre média» cet air du temps.