Entrée en vigueur le 2 juillet, la loi russe sur les boissons alcoolisées oblige désormais les producteurs français de champagne à faire figurer la mention «vin mousseux» sur la contre-étiquette de leurs bouteilles. Si le Comité Champagne dénonce un nouvel étiquetage «scandaleux» et la diplomatie française menace la Russie de poursuites judiciaires, de grandes maisons de champagne ne paniquent pas face à «cette guerre des mots» et espèrent préserver le marché russe.
Ainsi, Vitalie Taittinger, présidente du groupe Taittinger, a mis en garde sur BFM TV contre les «réactions excessives» de certains responsables politiques qui pourraient nuire aux «bonnes relations entre la Champagne et tous ses marchés», dont la Russie.
«La Russie est pour nous avant tout un marché de cœur, un des marchés historiques de la Champagne», fait-elle valoir.
Mme Taittinger précise d’ailleurs que le groupe est obligé de «retenir les exportations de champagne dans un premier temps parce que s’il y a des mises à jour à faire sur les contre-étiquettes, il s’agira de les faire bien sûr avant de redistribuer sur le marché russe».
«Nous ne sommes pas paniqués […]. S'il y a un danger sur le nom champagne, s'il y a l'idée d'usurper le nom champagne pour d'autres appellations, nous montrons au créneau à ce moment-là», ajoute-t-elle.
Moët Hennessy fait marche arrière
Leader sur le marché russe, Moët Hennessy a indiqué samedi 3 juillet qu'il reprendra «au plus vite» les livraisons de champagne vers la Russie, suspendues après l’entrée en vigueur de la nouvelle loi russe.
L’entreprise a promis notamment d'effectuer des ajustements, car «ils ont toujours respecté la législation en vigueur partout où elles opèrent».
Déplacement à Épernay
D’après un communiqué du gouvernement français, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et Franck Riester, ministre délégué en charge du Commerce extérieur et de l’Attractivité, doivent se rendre vendredi 9 juillet à Épernay pour faire le point avec les producteurs de la Marne après que «les intérêts de la filière française du champagne sont mis en cause par la législation russe». Les ministres «réaffirmeront la mobilisation totale du gouvernement à leurs côtés» ajoute la note.
Mardi 6 juillet, le chef de la diplomatie française a également promis d’«agir dans les jours qui viennent auprès des autorités russes, en relation bilatérale, mais aussi en relation au niveau européen, pour défendre les intérêts» de producteurs du pays, et surtout les intérêts des indications géographiques.
Il n’a pas exclu qu’en cas «de violations avérées des règles de l'Organisation mondiale du commerce», la France puisse engager des poursuites contre la Russie. Le ministre espère cependant que «le dialogue permettra de régler ces difficultés».