À la manœuvre pour la primaire écologiste en vue de 2022 où elle soutiendra Éric Piolle, la sénatrice Esther Benbassa a été mise en délicatesse par une enquête de Mediapart. Celui-ci a en effet recueilli les témoignages de huit de ses anciens assistants, décrivant le climat de «terreur» qui entourait leur travail.
Ils relatent la «méthode Benbassa», faite «d'humiliations, de menaces et de harcèlement». La sénatrice aurait notamment fait pression sur une collaboratrice pour qu’elle reporte une opération au poumon, après la récidive d’un pneumothorax.
«Il était très clair que le fait que je doive me faire opérer lui posait problème. Elle me disait vouloir un cabinet pleinement mobilisé sur la réforme des retraites et m’a dit que cela n’arrangeait pas “son calendrier parlementaire” [… ]Je ne comprenais pas qu’elle pense à son bureau avant tout et qu’elle ne se soucie pas de mon état de santé», témoigne ainsi cette assistante auprès de Mediapart.
À en croire des échanges de mails révélés par le média d’investigation, la sénatrice s’est en effet plainte à plusieurs reprises de «l’état de santé en constante fragilité» de cette collaboratrice parlementaire. Cette dernière a finalement cédé aux demandes de sa supérieure, repoussant son opération chirurgicale de février à mars 2020. Un report envisagé à contrecœur, qui n’a pas empêché Esther Benbassa de se séparer de son assistante quelques semaines après l’hospitalisation, rapporte Mediapart.
La mésaventure avait d’ailleurs été signalée auprès de la CGT des collaborateurs parlementaires.
Fautes d’orthographes et refus du télétravail
Autre pierre d’achoppement entre Esther Benbassa et ses assistants: le télétravail. En pleine pandémie, alors que le Sénat avait déclaré que le travail en présentiel devait être exceptionnel et consenti, la sénatrice aurait en effet fait le forcing pour que ses collaborateurs viennent au bureau.
Là encore, les syndicats ont été alertés par plusieurs assistants et ont fini par publier un guide pour rappeler les bons usages. La cadre d’EELV avait finalement consenti à laisser travailler ses auxiliaires à distance.
Esther Benbassa aurait également eu pour habitude de rabrouer ses assistants pour leurs fautes d’orthographes et de syntaxe dans divers documents. Des reproches qu’elle exprimait dans des mails-fleuves, lisibles par tous, mais eux-mêmes bourrés de fautes de français, rapporte Mediapart.
Plus paradoxal encore: la sénatrice, engagée dans la lutte pour l’égalité salariale entre hommes et femmes, ne la respectait pas pour ses assistants. Des écarts de rémunération conséquents ont en effet pu être repérés par Mediapart, qui a eu accès à certaines feuilles de paie. Esther Benbassa a également rémunéré à temps partiel un collaborateur qui travaillait à temps complet, à en croire ces documents.
«Benbassa dit défendre les indignés et des idées progressistes, mais c’est la première à les bafouer», résume auprès du média d’investigation l’un des employés.
Féministe revendiquée, la sénatrice s’était d’ailleurs rendue à la Manifestation pour les Droits des Femmes à Paris, en mars dernier. Elle avait partagé plusieurs photos sur Twitter, réclamant l’égalité salariale et dénonçant le «harcèlement dans le monde du travail».
Dans la rue pour l’égalité salariale ! #grevefeministe #8mars #JourneeDesDroitsDesFemmes #InternationalWomensDay @ecologistesenat @EELV @greve_feministe pic.twitter.com/GNUd8RsDAQ
— Esther Benbassa 🌻 (@EstherBenbassa) March 8, 2021
Dans la rue pour réclamer un milliard pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, contre les violences et le harcèlement dans le monde du travail. #grevefeministe #8mars #JourneeDesDroitsDesFemmes #InternationalWomensDay @ecologistesenat @EELV @greve_feministe pic.twitter.com/RirYoFyYbw
— Esther Benbassa 🌻 (@EstherBenbassa) March 8, 2021
La sénatrice dément
Dans un entretien accordé à Mediapart, la principale intéressée dément pour sa part avoir fait régner un «climat de terreur» dans ses équipes, déclarant être simplement «quelqu’un d'exigeant», notamment à l’écrit.
Si l’élue admet avoir bien demandé à une assistante de décaler son opération chirurgicale, elle soutient que leur rupture conventionnelle s’est faite bien plus tard, en juin, après la période d’arrêt maladie.
La sénatrice nie enfin avoir forcé ses collaborateurs à travailler en présentiel, affirmant avoir «veillé à leur santé» et s’être «conformée aux règles exactes du Sénat».