Le 30 juin dernier, lors d’un vol de reconnaissance près de Malte, Sea Watch, une ONG allemande de sauvetage de migrants, a repéré un navire de gardes-côtes libyens opérer des manœuvres dangereuses autour d’une embarcation en bois transportant des migrants. Ils semblent également leur tirer dessus à plusieurs reprises. Un procureur italien a ouvert une enquête.
Yesterday #Seabird witnessed a brutal attack by the so-called Libyan Coast Guard deep in the Maltese SAR zone. Our video shows: Shots have been fired in the direction of the boat, the so-called Libyan Coast Guard tried to ram the boat several times and threw objects at people. pic.twitter.com/0C2YSmcPoO
— Sea-Watch International (@seawatch_intl) July 1, 2021
D’après un compte-rendu de l’incident publié lundi 5 juillet par l’ONG, leur avion a reçu un signal de détresse émanant d’un bateau contenant «50 personnes, dont beaucoup d’enfants» et ciblé par une attaque du PB-Ras Jadir, identifié par l’association comme appartenant aux «soi-disant gardes-côtes libyens». «Ne tirez pas», exhortent à plusieurs reprises les membres de Sea Watch.
Les gardes-côtes estimaient de leur côté qu’il s’agissait d’un «bateau de trafiquants». Faute de carburant, ils ont dû faire demi-tour, ce qui a permis aux migrants d’accoster sur l’île italienne de Lampedusa dans la matinée du 1er juillet.
Enquête ouverte
D’après le quotidien italien Avvenire, le parquet d’Agrigente (Sicile) a été saisi par les avocats de Sea Watch et a décidé d’ouvrir une enquête sur ce «massacre raté en mer». Mais le média prédit que celle-ci sera difficile, puisqu’il n’y a pas d’accord de coopération judiciaire entre l’Italie et la Libye. Ainsi, «il est peu probable que Tripoli remette les noms des officiers à bord du patrouilleur […] ou les témoignages des gardes-côtes présents à bord». Toujours d’après Avvenire, la marine libyenne a ouvert une enquête interne.
Reprises des traversées
Les tentatives de traversée de la Méditerranée par les migrants se sont multipliées ces derniers temps. Fin juin, 260 d’entre eux étaient interceptés au large de la Libye et envoyés en prison. Depuis samedi 3 juillet, une soixantaine se seraient noyés dans les eaux tunisiennes en tentant de joindre l’Europe. Dans le même temps, les opérations de sauvetage ont permis d’en sauver plusieurs centaines.
Ces tentatives sont le résultat d’un «effet de rattrapage», après que les flux migratoires ont baissé pendant la crise sanitaire, d’après l’analyse faite auprès de l’AFP par François Gemenne, spécialiste de la gouvernance des migrations à Sciences Po Paris. Entre janvier et avril, près de 11.000 personnes ont tenté de traverser, et ce uniquement depuis la Libye. Sur l’ensemble de la Méditerranée, 866 décès ont été recensés depuis de début de l’année par l’Organisation internationale pour les migrations.