Et si le Danemark remportait l’Euro?

© AFP 2024 PATRICK HERTZOGle footballeur danois Brian Laudrup, 1992
le footballeur danois Brian Laudrup, 1992 - Sputnik Afrique, 1920, 04.07.2021
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Les Vikings sont clairement la surprise de cet Euro. Une performance qui ne va pas sans nous rappeler celle de 1992 en Suède où, à l'étonnement général, ils l’avaient remporté.

Après leur victoire 2-1 sur la République Tchèque en quarts de finale, les Danois poursuivent leur avancée. Il s’agit de leur 4e participation à une demi-finale après celles de 1964, 1984 et 1992. Il faut dire que c’est une surprise tant personne n’attendait ce pays à ce niveau de la compétition.

Comment en sont-ils arrivés là?

Il faut dire que le premier match contre la Finlande perdu 1-0 a eu l’effet d’un électrochoc. Non pas pour cette défaite en elle-même, en dépit du fait que ce pays disputait sa première finale de l’Euro et dont la victoire sur les Vikings a constitué une véritable surprise, mais suite à l’accident cardiaque de Christian Eriksen survenu durant le match. Ceci a littéralement soudé la sélection danoise. Désormais cette équipe a un supplément d’âme puisqu’ils jouent pour Eriksen. Il faut ajouter à cela le public qui joue son rôle de douzième homme à merveille, tant la sélection a impressionné par son exemplarité lors de la gestion de l’accident. Lequel a marqué le pays entier.

On peut noter que par ailleurs que le Danemark dispose d’une génération de jeunes joueurs talentueux tels que Christian Eriksen, Kasper Schmeichel fils de Peter vainqueur de l’Euro 92, Simon Kjaer, Andreas Christensen ou encore Martin Braithwaite.

Enfin, on peut ajouter l’apport indéniable du sélectionneur Kasper Hjulmand arrivé à l’été 2020 qui a changé radicalement la tactique employée. En effet jusqu’ici les Danois étaient réputés pour leur jeu direct couplé à une rigueur défensive. Avec lui, le style des Rød-Hvide est devenu un jeu de possession de balle basé sur des défenseurs et milieux latéraux qui prennent le temps de construire des phases complexes.

Et les résultats sont déjà au rendez-vous puisqu’ils sont remontés à la 10e place du classement FIFA des meilleures sélections nationales. Et quand les résultats ne sont pas au rendez-vous, le sélectionneur n’a pas peur de changer de tactique en passant d’un schéma en 4-2-3-1 à un schéma en 3-4-3, formation jamais utilisée auparavant.

Leur parcours lors de cet Euro n’est pas le premier grand exploit de ce sélectionneur puisqu’il avait permis au club de Nordsjaelland de remporter le championnat du Danemark pour la première fois de son histoire en 2012. Il s’était ensuite illustré en phase de poules de la Ligue des Champions 2012-2013 en tenant tête à la Juventus de Turin 1-1, menant même au score avant de se faire rejoindre dans les dernières minutes de jeu.

Une victoire en 1992 à la surprise générale

L’unique victoire du Danemark à l’Euro 1992 en Suède constitue encore aujourd’hui la plus belle page de l’Histoire de ce pays en matière de football. Il faut dire qu’il n’était même pas qualifié pour la compétition et a dû sa participation à l’exclusion en dernière minute de la Yougoslavie de toute compétition suite au début de la guerre des Balkans qui fit rage durant toute la décennie.

C’est donc en écourtant d’urgence leurs vacances que les joueurs ont participé à la compétition. Le sélectionneur de l’époque Richard Møller Nielsen a dû composer en urgence une liste de 20 joueurs. Il a même tenté de rappeler Michael Laudrup, la star danoise de l’époque mais celui-ci a refusé de jouer en raison des tensions entre les deux hommes. Un match amical à eu lieu le 3 juin contre la CEI (une partie de l’ex-URSS) et s’est terminé sur le score de 1 partout.

Richard Møller Nielsen défraya la chronique en faisant des séances d’entraînement courtes à base de mini-golf ou de séances de natation. Il faut ajouter à cela des femmes autorisées à fréquenter les joueurs, des sorties nocturnes en boîte de nuit où la bière coulait à flots, chose totalement impensable dans le football d’aujourd’hui. Cela valut à la sélection le surnom de Crazy Danes.

La compétition démarra par un nul encourageant 0-0 contre l’Angleterre avant de sombrer face à la Suède 1-0. C’est dos au mur que les Danois affrontèrent l’Hexagone pour le dernier match de qualification et l’emportèrent 2-1 grâce à un but d’Elstrup en fin de match. La France avec Jean Pierre Papin dans ses rangs fut éliminée, le premier coup d’éclat des Crazy Danes dans cette compétition.

En demi-finale, c’est les Pays-Bas qui attendaient le Danemark. La sélection néerlandaise était la grande favorite et pourtant c’est bien le Danemark qui à la surprise générale a sorti le tenant du titre aux tirs au but. Le pays était en finale pour la première fois de son Histoire et pourtant l’ambiance n’était pas tant à la fête. Les Crazy Danes perdirent Henrik Andersen sur blessure suite à un choc avec Marco Van Basten. Quant à Kim Vilfort, il dut faire des allers-retours pour être au chevet de sa fille de sept ans atteinte d’une leucémie qui décédera peu de temps après la fin de la compétition.

Pour la finale, c’est l’Allemagne qui attend les Danois et qui entend bien remporter sa première compétition en tant que pays réunifié depuis octobre 1990. Mais là encore, les Danois déjouent les pronostics grâce à John Jensen et Kim Vilfort. Le Danemark est champion d’Europe pour la première fois de son Histoire.

John Sivebaek, un des héros de 1992, disait récemment dans les colonnes du Parisien sur l’équipe actuelle du Danemark qu’ils «peuvent gagner contre tout le monde comme on l’a fait». Il a ajouté qu’«il y a beaucoup de grands joueurs dans toutes les équipes, mais les nôtres jouent aussi dans de grands clubs européens. Donc pourquoi pas? Ça va être difficile, c’est sûr, mais on a beaucoup de qualités.» C’est tout ce que l’on souhaite à cette valeureuse équipe.

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