Clash à l’Assemblée autour des danses et drapeaux étrangers lors de certains mariages

© Photo Pixabay/PexelsUn mariage
Un mariage  - Sputnik Afrique, 1920, 01.07.2021
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Un vif échange a opposé Éric Dupond-Moretti à une députée LR à propos des coutumes étrangères, notamment les danses, célébrées lors des mariages en mairie.

Visé par une enquête pour soupçons de conflits d’intérêts, Éric Dupond-Moretti n’en a pas perdu pour autant sa verve d’avocat, comme l’a montré un échange tendu à l’Assemblée nationale. Le Garde des Sceaux répondait à une intervention de la députée Annie Genevard (LR), qui s’indignait du fait que certaines coutumes étrangères sont célébrées dans les mairies françaises lors des mariages.

La députée du Doubs avait en particulier mis en cause les drapeaux étrangers brandis lors des cérémonies, mais aussi les danses dans les hôtels de ville ou sur leurs parvis.

«Lors de mariages, certaines familles, françaises ou non, d’origine étrangère, brandissent des drapeaux étrangers ou manifestent leurs traditions par des danses et des spectacles, parfois dans la salle des mariages, mais aussi dans l’hôtel de ville ou sur la place de l’hôtel de ville», a ainsi déploré l’élue dans l’hémicycle. 

Annie Genevard a souligné que ces comportements n’avaient pas leur place dans les mairies, «emblèmes de la République», où certains «codes» devaient être respectés. La députée a ajouté que ce type de manifestations provoquait «énormément d’émoi dans la population».

Des propos qui n’ont pas eu l’heur de plaire au ministre de la Justice, qui a répondu à son interlocutrice en se lançant dans la défense des danses traditionnelles.

«Je suis un peu inquiet quand je vous entends dire que nos compatriotes réagiraient mal en voyant des gens danser, au moment de leur mariage, des danses venues d’ailleurs. Je vous rappelle que le sirtaki est grec, la valse autrichienne, la sardane catalane [.] et le smurf français», a ainsi déclaré le Garde des Sceaux à l’Assemblée nationale.

Le détonateur du débat était un amendement prévoyant justement d’interdire le déploiement de drapeaux étrangers lors de mariage civils. Celui-ci a en fin de compte été rejeté.

Loi séparatisme

Le débat s’est finalement poursuivi hors des murs du palais Bourbon, Annie Genevard précisant sur Twitter que l’amendement discuté ne mentionnait pas les danses, mais portait sur les seuls drapeaux étrangers. L’élu a plus tard accusé le Garde des Sceaux de ne pas avoir «répondu à la question» et d’avoir «caricaturé» ses propos, sur CNews.

La député du Doubs a également dénoncé les fausses postures du gouvernement dans le cadre du vote de la loi «séparatisme».

«De façon générale, ce gouvernement et le Garde des Sceaux ont choisi de ne pas répondre aux questions posées, sur le burkini, les femmes assesseures voilés ou le voilement des petites filles. Il y a les mots, qui disent qu’ils veulent lutter contre le séparatisme et il y a la réalité des faits, le refus de tous nos amendements», a-t-elle déclaré sur la chaîne d’information.

Mariages nord-africains

D’autres politiques ont explicitement pointé du doigt les coutumes venues du Maghreb, comme source de débordements lors de mariages civils. «Le problème, c'est l'Afrique du Nord», a ainsi déclaré sur CNews, Gilles Platret, maire (LR) de Chalon-sur-Saône et vice-président LR.

«Moi, j'ai marié des Colombiens, des Ukrainiens,… je n'ai jamais eu de problème! J'ai des problèmes avec des débordements liés à certains mariages de personnes issues du Maghreb», a-t-il ainsi expliqué.

La sénatrice écologiste Esther Benbassa avait également fait le lien avec le Maghreb lors du vote de l’amendement sur les drapeaux au Sénat, début avril. L’élue avait dénoncé le texte, se demandant si la prochaine étape ne consisterait pas à «interdire aux Algériens et aux Marocains de se marier».

Ces polémiques autour des débordements dans les mariages civils ne datent cependant pas d’hier. En 2012, le maire de Nice, Christian Estrosi, avait ainsi voulu faire passer un arrêté pour faire interdire les cris, les sifflets et, là encore, les drapeaux étrangers, lors des cérémonies en mairie. La mesure avait suscité un tollé à gauche. Le conseiller municipal PS Paul Cuturello avait dénoncé un arrêté visant à «stigmatiser les [personnes originaires des] pays du Maghreb».

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