Capacités intellectuelles en baisse: l’effet désastreux des confinements sur les enfants

© Photo Pixabay / picjumbo_comUn enfant (image d'illustration)
Un enfant (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 29.06.2021
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Les capacités cognitives de certains enfants auraient baissé de 40% à cause des confinements. C’est le résultat d’une étude menée sur 90 enfants de l’Allier et du Puy-de-Dôme. Pour Martine Genain, neuropsychologue, cette conséquence des restrictions sanitaires a surtout pénalisé les classes sociales les plus défavorisées.

Les confinements, néfastes pour les jeunes enfants. Mesure phare pour réduire la transmission du virus SARS-CoV-2, depuis le début de l’épidémie, le gouvernement les a multipliés au gré de l’évolution de la situation sanitaire. Or, cette restriction a régulièrement été pointée pour ses effets délétères en matière de santé mentale: 40% des parents ont déclaré avoir observé des signes de détresse psychologique chez leur enfant lors du premier confinement.

Pire, cette mesure aurait également eu un impact sur les capacités cognitives des plus jeunes. C’est ce qu’indique une étude menée par le CHU de Clermont-Ferrand, en septembre 2019 et septembre 2020 dans des écoles de l’Allier et le Puy-de-Dôme auprès de 90 enfants de CE1 et CE2. Ainsi, elles «auraient baissé d’environ 40%», souligne Le Monde, qui a relayé l’enquête.

Des facultés d’apprentissage en chute libre

Pour parvenir à ce résultat, le quotidien explique que l’équipe du CHU de Clermont-Ferrand «a notamment eu recours à un test consistant à relier les lettres aux chiffres correspondant dans l’ordre alphabétique, dans un temps imparti. Tous les écoliers l’ont fait dans le temps limite en septembre 2019. Un an plus tard, un grand nombre n’a pas terminé.»

Et pour cause, plusieurs travaux ont démontré que l’activité physique serait bénéfique au fonctionnement cognitif des enfants et pourrait même avoir des conséquences sur la réussite scolaire.

​Enfermés chez eux, les enfants n’ont donc pu suffisamment bouger et donc de se développer. En témoigne la condition physique de ces tous petits, qui s’est dégradée: certains n’arrivaient pas à réaliser un parcours d’habiletés motrices, a observé l’équipe du CHU de Clermont-Ferrand.

«Un an de confinement a été catastrophique, à un moment essentiel de plasticité neuronale», a constaté auprès du Monde Martine Duclos, chef du service de médecine du sport au CHU Clermont-Ferrand.

Contacté par Sputnik, Martine Genain, neuropsychologue et psychomotricienne confirme effectivement que le «manque de stimulation diminue les capacités d’apprentissage.» Encore faut-il préciser les termes: «Les capacités cognitives ne se perdent pas s’il n’y a pas de dégénérescence, car si elles baissaient de 40%, vous passeriez d’un QI moyen à une déficience totale. Donc, on parle plutôt de faculté d’apprentissage.»

Un confinement néfaste pour les classes populaires

La neuropsychologue note que le confinement a mis en exergue les différences sociales, notamment sur la capacité des parents à suivre la scolarité de leur progéniture. De ce fait, les confinements «ont malheureusement pénalisé les classes sociales les plus défavorisées, parce qu’elles ne pouvaient pas se substituer à l’école», déplore la psychomotricienne. Or, c’est ce qui permet de développer les facultés des enfants.

«Vous avez des parents qui s’occupent peu de leurs enfants, soit parce que ça ne les intéresse pas, soit parce qu’ils n’ont malheureusement pas les capacités pour suivre. Dans ce cas, les confinements ont été une catastrophe, car c’est très compliqué pour l’enfant de suivre sa scolarité par visioconférence, c’est quasiment impossible pour eux», détaille Martine Genain.

La situation a toutefois fait des heureux. En effet, les périodes de confinement ont été bénéfiques pour un certain nombre d’enfants: «beaucoup d’entre eux ont énormément progressé», notamment sur le plan de la lecture, affirme la neuropsychologue. En cause, la plus grande présence des parents à la maison, qui en temps normal sont débordés par le travail.

«Ils ne se rendaient pas compte des difficultés de leurs enfants. Là, étant obligés de faire l’école à la maison, ils ont pu constater des lacunes et des difficultés, donc ils se sont mis à les travailler», souligne la neuropsychologue.

Alors faut-il s’inquiéter pour ceux qui n’ont pas eu cette chance? La spécialiste se veut rassurante: «c’est réversible», mais prévient: cela «peut entraîner des redoublements», s’ils ne bénéficient pas d’un «soutien plus important à l’école».

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