Nizar Banat, un Palestinien de 43 ans, était connu pour ses vidéos postées sur les réseaux sociaux critiquant l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, qu'il accusait de corruption. Sa mort jeudi, quelques heures après son arrestation par les forces de sécurité palestiniennes, a suscité l'indignation en Cisjordanie où des manifestants ont appelé au départ du Président palestinien Mahmoud Abbas.
Samedi, quelques milliers de personnes sont descendues dans les rues à Hébron et dans la ville de Ramallah où siège l'Autorité palestinienne.
«La pointe de l'iceberg»
Pour le militant palestinien Ismat Mansour, la mort de Nizar Banat n'est que «la pointe de l'iceberg».
«Nous voulons dissoudre le gouvernement et des élections pour que le peuple puisse choisir à nouveau ses dirigeants», a-t-il déclaré à l'AFP, accusant l'Autorité palestinienne de corruption.
Des pancartes brandies par des manifestants portaient l'inscription: «partez».
À Ramallah, des manifestants ont lancé des pierres sur les forces de sécurité mobilisées en masse et qui ont riposté en lançant des grenades lacrymogènes sur la foule.
Des milliers de personnes avaient participé vendredi à Hébron aux funérailles de Nizar Banat.
Il avait été arrêté à l'aube jeudi chez son oncle à Dura, puis conduit en détention, selon sa famille qui accuse les forces de sécurité palestiniennes de l'avoir «assassiné».
Moins d'une heure s'est écoulée entre les coups et sa mort, a indiqué le docteur Samir Abou Zarzour. Le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Nizar Banat avait été candidat sur une liste d'indépendants aux législatives palestiniennes qui devaient se tenir en mai avant d'être reportées sine die par Mahmoud Abbas.
Quelque 84% des Palestiniens estiment que l'Autorité palestinienne est corrompue, selon un sondage publié mi-juin par le Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR) basé à Ramallah.
Cette Autorité n'exerce que des pouvoirs limités sur environ 40% de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis 1967. Israël, qui en contrôle tous les accès, administre 60% de ce territoire ainsi que ses colonies.