Attaques contre CNews: «dépit et jalousie» d’une partie des médias, selon Claude Chollet

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Éric Zemmour, janvier 2015 AFP PHOTO / JOEL SAGET - Sputnik Afrique, 1920, 24.06.2021
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CNews est depuis plusieurs jours la cible de ses confrères. La cause de cette mobilisation? Le soupçon d’un rapprochement entre la chaîne du groupe Bolloré et Europe1, qui craint une contagion d’«extrême-droite». Pour Claude Chollet, cet épiphénomène trahit le biais idéologique au sein de la profession.

Campagne de dénigrement, attaques ad hominem, appels au boycott… dans le journalisme parisien, il ne fait décidément pas bon d’être étiqueté de droite, tant au sein d’une rédaction, où il vaut mieux cacher ses opinions, qu’au sein d’un média classé à droite. Une réalité, ou plutôt une volonté d’uniformiser ce milieu où les places se disputent âprement, mise à nouveau en lumière par les attaques en règle lancée contre la chaîne CNews et l’hebdomadaire Valeurs actuelles.

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Ce dernier subit une nouvelle campagne de dénigrement lancée sur les réseaux sociaux par les activistes des Sleeping Giants afin d’assécher ses recettes publicitaires sans que les autres médias s’en émeuvent. En parallèle, les derniers jours ont été marqués par le rapprochement entre Europe1 et CNews. Plus précisément par la grève d’une partie de la rédaction de la célèbre radio depuis le 18 juin, ouvertement épaulée par certains de leurs confrères parisiens qui crient à la «fascisation» de la station.

Europe 1, futur «déversoir de haines et de théories du complot»?

Prompt à dénoncer la «bollorisation» d’Europe 1, Libération a titré sa Une du 23 juin «Le spectre de la bande FN». Le même jour, Le Monde, qui suit également de près le dossier, a publié une tribune d’anciennes «personnalités» de la radio apportant leur soutien aux grévistes. Estimant qu’Europe1 fait face à un «danger grave et imminent», ces derniers fustigent la volonté supposée de Vincent Bolloré de transformer la station en «un jouet politique partisan et un haut-parleur des haines qui agitent notre débat politique.»

«Les craintes légitimes des salariés, relayées par le CSA, portent notamment sur le risque qu’Europe 1, grande radio généraliste, sombre dans une ligne partisane extrémiste se nourrissant d’une post-vérité qui contribuerait à fracturer un peu plus la société française», soulignait la veille le quotidien de l’avenue Pierre-Mendès-France dans son édito «Europe 1 et le spectre du média d’opinion». Le Monde cite au passage les propos d’Arnaud Lagardère, président d’Europe 1, qui la veille déclarait au Figaro qu’«aucune radio n’a le droit d’être un média d’opinion, sauf peut-être Radio France!», tenant à se montrer rassurant sur l’avenir éditorial de sa radio.

«Dire qu’Europe 1 était une radio d’information et qu’elle va devenir une radio d’opinion c’est un mensonge éhonté», dénonce quant à lui Claude Chollet, président de l’Observatoire du journalisme (OJIM), au micro de Sputnik.

«Dans le journalisme en France, il y a une loi d’airain: quand un média est de gauche, c’est un média d’information. Quand un média est de droite, cela devient un média d’opinion», renchérit-il.

CNews, une chaîne «s’éloignant du journalisme pour devenir un déversoir de haines et de théories du complot, boostant l’audience tout en faisant le lit de l’extrême droite», selon Libé. Une attaque en règle qui a suscité l’indignation de leurs confrères de la chaîne d’info en continu. «C’est aux cris d’orfraie qu’elles déclenchent que l’on sait qu’on a tapé dans le mille», rétorque le quotidien, qui s’assume comme marqué à gauche.

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Au-delà du procès d’intention fait à Vincent Bolloré, dépeint comme le «tycoon le plus droitier de France», les attaques directes contre ses journalistes sont également de mise. Sur les ondes du service public, une présentatrice et chroniqueuse de France Inter a ainsi estimé qu’en récupérant la matinale d’Europe 1, Laurence Ferrari «voit sa fidélité à Vincent Bolloré enfin récompensée» pour ne pas avoir fait grève lors de la reprise d’I-Télé (devenue CNews) à l’automne 2016. Même chose à l’encontre de Christine Kelly, aujourd’hui présentée comme simple «caution» d’Éric Zemmour et ramenée à sa couleur de peau.

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Ce dernier, chroniqueur vedette de la chaîne d’informations, a d’ailleurs été de nouveau la cible de la Société des journalistes (SDJ) du Figaro, où il a également une tribune. En cause cette fois-ci, la possibilité qu’il puisse se jeter dans la course à la Présidentielle. Ironiquement, on retrouve en première ligne de ceux qui appellent à boycotter l’atout de CNews, des journalistes comme Valérie Trierweiler et Audrey Pulvar. La première est passée par un très politique demi-statut de «première dame», la seconde a été la compagne d’Arnaud de Montebourg, alors ministre de l’Économie, avant de se lancer elle-même en politique.

Pour Claude Chollet, cette réaction épidermique de journalistes qui peinent à admettre leurs propres biais est d’autant plus forte que les médias ciblés reçoivent par ailleurs un fort plébiscite de l’opinion. Bref, au rejet purement idéologique, s’ajoutent «dépit et jalousie». «Il y a un dégout que CNews fonctionne», estime le président de l’OJIM.

«Je ne sais pas si Vincent Bolloré a des convictions politiques, mais ce dont je suis certain c’est que c’est un homme de marketing. Il a vu que tout un segment du marché de l’opinion publique, à droite, était délaissé […] C’est ça, le succès de CNews: s’adresser à des gens qui jusque-là ne se retrouvaient dans rien.»

Il faut dire que CNews a le vent en poupe et talonne BFMTV en termes d’audiences. Une chaîne bien plus «mainstream», présidée par un homme dont l’admiration personnelle pour Emmanuel Macron est un secret de polichinelle. Même chose du côté de Valeurs actuelles: malgré l’absence d’aides de l’État et la perte de revenus publicitaires à cause des activistes de la gauche radicale, l’hebdomadaire fait figure d’exception dans le paysage médiatique: il parvient à l’équilibre budgétaire grâce à ses seules ventes.

«Il y a un dégout que CNews fonctionne»

À titre de comparaison, on ne peut pas en dire autant de Libération. Car le quotidien a beau s’enorgueillir de la progression de ses ventes durant le confinement, il n’en restait pas moins en 2019 le plus subventionné de la presse française, avec pas moins de six millions d’euros d’argent public injecté chaque année dans ses caisses pour lui permettre de subsister.

«Il serait temps qu’Europe 1 gagne de l’argent, ce n’est pas interdit, grâce à une chose toute simple qui s’appelle les auditeurs», raille Chollet, «les subventions sont l’opium de la presse.»

En 2020, après une lourde dégringolade dans l’audimat, les pertes d’Europe 1 s’élevaient à 25 millions d’euros. La faute aux choix de la direction, balaient syndicats et journalistes de la station, ainsi que leurs soutiens médiatiques. Mais pour Claude Chollet, ce mouvement de grève est ainsi un «gag» à ses yeux: «cela veut dire quoi? Tout simplement qu’on veut rester entre nous, malgré les pertes financières, on ne veut surtout rien changer […] c’est une réaction corporatiste, mais dans le sens le plus médiocre du terme», fustige le président de l’OJIM.

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Ce dernier rappelle une précédente levée de boucliers de la rédaction d’Europe 1 et de ses syndicats, lorsqu’en septembre 2020, Louis de Raguenel débarqua de Valeurs actuelles pour diriger le pôle politique de la radio. Il terminera finalement chef adjoint pour calmer les ardeurs des journalistes qui mettaient déjà en avant leur désir de «sauver leur crédibilité». «Sous-entendu, dans la rédaction, nous sommes tous de gauche», traduit Claude Chollet. La ligne éditoriale d’Europe1 est-elle en marche pour se «bolloriser»? Une chose est sûre: à un an des Présidentielles, le ton semble donné sur le champ de bataille médiatique.

Quant à la grève, celle-ci a été levée le 23 juin après-midi. À son origine, la mise à pied d’un de leurs collègues, Victor Dhollande, suite à une violente altercation avec un RH. La réalité semble plus prosaïque. Après avoir réclamé et obtenu «une clause de conscience» leur permettant de «partir» tout en touchant des indemnités, dès lors qu’ils ne seraient plus en accord avec la ligne éditoriale, les journalistes ont cessé leurs grève en laissant Victor Dhollande sur la touche.

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