Le 15 mai, Jean-Eldar Ollivier, 22 ans, est parti de Brest pour un long périple à pied. Le jeune homme a décidé d’aller à la recherche de ses origines, à 6.000 km de là, à Astrakhan, dans le sud de la Russie.
Ses motivations
Adopté par une Française d’une cinquantaine d’années à quatre ans, Jean-Eldar ne garde pas beaucoup de souvenirs de la Russie, «une bataille de boules de neige», «une fête d’anniversaire»… Mais en l’espace de deux ans, sa vie va prendre un virage à 180 degrés.
L’origine de cette idée date de novembre 2019, quand il a revu sa mère adoptive avec qui il n’avait pas été en contact depuis trois ans en raison de «mauvaise entente». Elle lui a alors montré son dossier d’adoption qu’elle avait caché jusque-là, avec à la clé beaucoup d’informations: le nom de sa mère biologique, le sien, des fichiers notariaux, et surtout son passeport russe.
«C’est là que j’ai appris que j’étais encore Russe», raconte-t-il. «En recevant ça j’ai voulu aller voir de mes propres yeux là où j’avais grandi mes quatre premières années, dans ma maison d’enfance, rencontrer les personnes qui se sont occupées de moi. Mais surtout il y a cette intention d’essayer de retrouver ma famille biologique pour leur poser des questions, peut-être créer un lien avec eux. Ce sera naturellement que les choses se feront, je pense».
Pourquoi faire le voyage à pied?
Rejetant l’idée de prendre l’avion, Jean-Eldar confie qu’il voulait graver ce périple dans sa mémoire.
«C’est important pour moi que je n’y aille pas juste en avion. Je voulais que ce soir un vrai voyage "initiatique" et inspirant. Il y a aussi l’idée de me sentir libre, j’avais vraiment besoin de ce périple, d’expérimenter la liberté la plus totale possible. La seule contrainte que j’ai durant ce voyage c’est mon corps. Je n’ai besoin de personne d’autre, de rien d’autre pour bouger que mon corps.»
Il précise qu’il ne fait pas d’auto-stop et qu’il ne prend pas le train: «Tout ce que j’ai: mon sac, mon corps et ma volonté.»
L’autre idée derrière ce projet est la «rencontre des autres pays, des gens, des cultures... et de moi-même, qui je suis et ce que je serai plus tard.»
Son périple
Durant la journée, Jean-Eldar porte un sac qui pèse environ 20 kg bien qu’il espère le faire le plus léger possible prochainement. Il s’est fixé comme but de marcher au moins 20 kilomètres par jour, mais la distance peut être élargie à une quarantaine de kilomètres quand il se sent motivé ou s’il a un objectif précis.
Où reste-t-il pendant la nuit? Cela dépend. Il transporte toujours une tente:
«En camping sauvage je plante la tente pour la nuit et je repars assez tôt le lendemain pour ne pas être dérangé. Sinon, c'est chez les habitants avec des applications comme Coachsurfing, HomeExchange, Tinder. Si je n’ai trouvé personne pour m’héberger dans la journée je vais dans un bar et j’essaie de trouver quelqu’un qui pourrait m’accueillir pour la nuit», explique-t-il, précisant qu’il a établi par avance quelques contacts.
Et en Russie?
Bien au fait que les Russes, notamment les personnes âgées, ne sont en général pas à l’aise avec le français et même l’anglais, Jean-Eldar a décidé de rester pendant quelques mois d’hiver chez une connaissance en Ukraine qui va lui apprendre un peu la langue de Pouchkine. Il n’est également pas contre l’assistance d’un traducteur.
«Si je n’ai personne pour m’héberger [en Russie], pas grave, je dormirai à la belle étoile. J’ai un sac de couchage qui est très performant!», dit-il.
Jean-Eldar se donne environ une année pour se rendre à Astrakhan et considère les potentielles retrouvailles avec sa famille de «complètement différentes» du périple.
Et si sa quête s’échouait?
«Je me suis préparé à cette idée», répond-il. «Parce que je sais bien que j’y vais un peu à l’aveuglette en disant que peut-être qu’ils sont encore vivants, peut-être pas… Peut-être que je ne les retrouverai jamais, peut-être qu’ils ne voudront pas me croiser. Toutes ces questions je me les suis posées, et répondu par "ok, on verra"».
Jean-Eldar a déjà contacté l’ambassade russe pour renouveler son passeport et entrer sans soucis dans le pays.
Et après?
Il n’a pas encore pris la décision de revenir en France ou de rester en Russie en tant que citoyen. «Tout se décidera assez naturellement», conclut-il.
Il est possible de suivre son aventure sur Facebook et Instagram. Actuellement, le jeune homme se trouve au sud du département de l'Orne, frappé par de violents orages.
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