Dirigé par le Parti socialiste depuis 1998, le département des Alpes-de-Haute-Provence était depuis la démission de son président Gilbert Sauvan (PS) pour raison de santé en 2017 le lieu d'une expérience originale: une inédite coalition «arc-en-ciel», présidée par René Massette (PS) -en ballotage pour être réélu-, lui a succédé, regroupant des élus de droite et de gauche pour conserver la collectivité.
Pour la campagne, chacun est reparti dans sa famille politique et les jeux étaient très ouverts dans ce département rural de seulement 164.000 habitants, qui pourrait basculer à droite: avec une abstention globale de 59,3%, Les Républicains arrivent en tête dans 10 des 15 cantons, loin devant les binômes PCF (en tête dans deux cantons), PS, DVG ou centre (un canton chacun).
Alpes-Maritimes
Dans les Alpes-Maritimes, bastion de droite, la majorité LR sortante semble en apparence confortée avec 43,5% des voix, mais dans le détail, les résultats montrent les profondes divisions à l'œuvre au sein de la formation: une partie des électeurs a voté le même jour LR aux cantonales et RN à l'élection régionale.
Deux poids lourds Républicains avec leurs binômes respectifs sont déjà réélus: le maire de Cannes David Lisnard (78%) et le député Éric Ciotti (63,28%), président du conseil départemental de 2008 à 2017. Avec près de 29%, le RN, sans élu sortant, pourrait faire son entrée au conseil départemental s'il confirme sa nette avance dans les deux cantons de Cagnes-sur-Mer 1 et Menton.
À Nice, les adjoints de Christian Estrosi tiennent le RN à distance et le devancent sauf dans un canton (Nice-8) où le RN dépasse d'une courte tête. La gauche pourrait conserver un siège (Contes) et en gagner un, en alliance avec les écologistes (Grasse 2).
Bouches-du-Rhône
Acquis depuis plus de 100 ans à la gauche, le département des Bouches-du-Rhône, qui compte plus de deux millions d'habitants et un budget supérieur à celui de la région Paca, avait basculé en 2015 avec la victoire de Martine Vassal (LR) sur le sortant Jean-Noël Guérini.
L'ancien homme fort du PS, récemment condamné à une peine d'inéligibilité pour prise illégale d'intérêt mais qui a fait appel, n'est pas candidat dans son fief du 2e canton de Marseille et va donc quitter le conseil départemental, où il siégeait depuis 39 ans.
Candidate, elle, à sa propre succession, la présidente LR sortante a fini dimanche en tête dans le 10e canton de Marseille et devrait pouvoir conserver son siège: ses troupes sont en bonne position pour l'emporter dans les 9e et 12e cantons de Marseille, ceux d'Aubagne, de Chateaurenard, La Ciotat, Marignane, Salon 1, Trets, Vitrolles et pourraient prendre Gardanne, perdue par la gauche.
La droite est en revanche menacée dans les deux cantons d'Aix qui pourraient revenir à LREM et dans les 7e et 8e cantons de Marseille, où plane la menace du RN.
Dans la soirée, Martine Vassal a d'ailleurs appelé les électeurs à «une large mobilisation» contre le RN, présenté comme son «seul adversaire».
Si le parti de Marine Le Pen est bien leader en nombre de voix sur le département, ses conquêtes pourraient être limitées. Il arrive en tête, de justesse, dans le seul canton qu'il détenait à Berre l'Etang et se trouve bien placé à Salon 2 et dans le 6e canton de Marseille.
La gauche qui se présentait unie (PS, PCF, EELV et Generation.s), sans les Insoumis présents dans 11 cantons, devrait conserver les 1er, 2e, 3e, 4e, 5e cantons de Marseille, Istres, Martigues et conquérir le 11e canton de Marseille mais se retrouve en difficulté à Arles, devancée par des proches du maire Patrice de Carolis.
Hautes-Alpes
Dans les Hautes-Alpes, la droite sortante menée par Jean-Marie Bernard sort en tête du premier tour avec trois binômes déjà élus et se place en ballotage favorable dans 10 des 11 cantons qui voteront au second tour. L'union incomplète de la gauche n'a pas fait le poids, et le RN n'était présent que dans un seul des 15 cantons de ce département isolé.
Var
Dans le Var, terre de droite, le président LR sortant Marc Giraud est en passe d'être réélu dans le canton de La Crau où comme dans celui de Brignoles, le RN n'a présenté aucun candidat. Cette absence d'adversaire RN a alimenté une polémique avec le sénateur LR Michel Bonnus, un proche du maire de Toulon Hubert Falco, et la LREM qui ont soupçonné un «accord secret» de Marc Giraud avec le RN pour se maintenir à la tête du département. Ce dernier a nié tout «deal» avec le parti de Marine Le Pen, désormais incontournable. A Fréjus, municipalité RN depuis 2014 où moins d'un électeur sur trois a voté, le RN a réalisé un score de 54,55%.
Au total, la galaxie RN arrive en tête dans neuf cantons du Var sur 23 avec un total de 30,97% des voix pour le RN et 1,6% pour l'union d'extrême droite emmenée par le maire de Cogolin Marc-Etienne Lansade. Elle fait presque jeu égal avec la droite traditionnelle, partagée entre LR (22,1%) et divers droite (15,2%).
Vaucluse
Dans ce département, où l'extrême droite réalise des scores record depuis des années, même si elle est divisée entre Rassemblement national et Ligue du Sud, la droite qui a la présidence du Conseil départemental a globalement maintenu ses positions.
Les sortants de droite arrivent en tête dans la majorité de leurs cantons, même si le parti de Marine Le Pen les devance à Valreas, ancienne commune de Thierry Mariani.
Le RN semble lui assuré de conserver son canton du Pontet, où sa liste est arrivée en tête avec 59,8% contre la gauche et vire en tête à Monteux et Carpentras qu'il avait conquis en 2015. Il devance aussi la gauche dans les trois cantons d'Avignon, où la gauche sortante partait divisée, ainsi qu'à Vaison-la-Romaine.
Il y a six ans le RN était arrivé en tête au premier tour avec 37,4% des suffrages. Mais cette année, il perd du terrain à 32,7% des voix. Du côté de la Ligue du Sud, la sortante Marie-Claude Bompard, femme du maire d'Orange, est éliminée du canton de Bollène face à Anthony Zilio qui lui avait déjà pris la mairie.