Afin de faire face au variant indien, dit Delta, considéré comme 60% plus contagieux que celui apparu au Royaume-Uni, les fabricants du vaccin russe Spoutnik V vont proposer une injection spéciale à d’autres laboratoires, est-il annoncé sur le compte Twitter du produit russe.
«Spoutnik V proposera bientôt à d'autres fabricants de vaccins une piqûre adaptée contre le variant du coronavirus Delta, détecté pour la première fois en Inde», indiquent les producteurs de la substance médicale russe en soulignant le rôle de la préparation dans le développement des «cocktails de vaccins».
BREAKING: #SputnikV will soon offer a booster shot, adjusted to work against the Delta variant of coronavirus, first detected in India, to other vaccine manufacturers. Below are the highlights of Sputnik V’s pioneering role in developing vaccine cocktails.
— Sputnik V (@sputnikvaccine) June 17, 2021
Ce n’est pas la première fois que le laboratoire russe propose un «cocktail de vaccins» afin d’augmenter l'efficacité, précise Spoutnik V. En novembre dernier, le centre Gamaleïa est devenu le premier fabricant à proposer un essai clinique conjoint d'un cocktail de vaccins avec AstraZeneca en présentant à ce dernier l'un de ses deux vecteurs adénoviraux humains.
Le variant Delta, vraiment plus dangereux?
Bien que les données exactes concernant la transmissibilité et la contagiosité de ce variant manquent, certains scientifiques affirment qu’il est plus dangereux que ceux découverts jusqu'ici, y compris le britannique, largement responsable pour la précédente vague épidémiologique. L’augmentation de la transmissibilité chez Delta est notamment rapportée par les Indiens et les Britanniques, indique une note du Conseil scientifique français, publiée le 24 mai.
Pour freiner l’expansion du Delta, Boris Johnson a même dû repousser d’un mois la levée des restrictions anti-Covid en Angleterre. Les données concernant l’apparition de nouveaux clusters en Angleterre témoignent également de sa vitesse de propagation de ce variant.
«Le nombre de clusters suspectés a augmenté de 59% en une semaine dans le nord-ouest de l’Angleterre, où la prévalence du "variant indien" est la plus forte. Dans toutes les autres régions, le nombre de nouveaux cas, tous variants confondus, est stable ou en légère diminution», précise la note des scientifiques français.
En France, ces dernières semaines, le variant montre également peu à peu les dents, notamment dans les Landes où il est désormais responsable de 30% de toutes les nouvelles contaminations.
Qui plus est, Delta «circule davantage parmi les tranches d’âge les plus jeunes, les moins vaccinées», indique la même source.
Un autre problème réside dans le traitement habituel du Covid-19, par exemple l’utilisation de certains anticorps monoclonaux, comme le Bamlanivimabpour prévenir les formes graves de la maladie chez les personnes à risque. Commandé par le ministère français de la Santé lors du pic de la vague de printemps, il perd de son efficacité face au Delta, indique une étude de l’Institut Pasteur.
Résistant aux vaccins?
À chaque fois qu’un nouveau variant du coronavirus voit le jour, c’est toujours la même question qui se trouve sur toutes les lèvres: les vaccins existants sont-ils efficaces contre cette mutation? S’agissant du variant indien, le milieu scientifique semble plus ou moins uni sur le sujet, la vaccination complète, donc qui se fait en deux doses, reste efficace contre Delta, mais moins. C’est probablement pour cela qu’une dose particulière de Spoutnik V pourrait être inévitable.
Ainsi, selon une étude de l’institution Public Health England, l’efficacité du vaccin après la première dose de Pfizer/BioNTech ou d’AstraZeneca n’a été que de 33% contre le Delta, alors qu’elle est de 50% contre le variant britannique, Alpha. Les tests sur les deux doses semblent plus rassurants: l’efficacité en est évaluée à 88% pour le Pfizer/BioNTech (93 % pour Alpha) et à 60 % pour l’AstraZeneca (66 % pour Alpha).