En Bretagne, la pollution à l’ammoniac inquiète

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Du fumier - Sputnik Afrique, 1920, 15.06.2021
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Une enquête de France 3 revient sur les ravages de la pollution à l’ammoniac en Bretagne. L’élevage et les engrais sont les principaux pourvoyeurs d’un gaz qui peut s’avérer nocif.

Habituées aux marées noires depuis plusieurs années, contrairement aux littoraux corses, les terres de Bretagne souffrent également d’un mal écologique plus méconnu: la pollution à l’ammoniac. Une enquête de France 3 revient sur les méfaits de ce gaz, responsable de la formation de particules fines dans l’air.

Issu à 80% de l’élevage, l’ammoniac ou NH3 a en effet trouvé en Bretagne une terre de prédilection, alors qu’un poulet français sur trois et plus d’un porc sur deux y est élevé. Si bien que la région a fini par devenir le première émettrice de ce gaz, à en croire Air Breizh, observatoire local de la qualité de l’air.

Un enjeu sanitaire important, puisque l’ammoniac est responsable de la pollution de l’air aux particules fines, aujourd’hui connue pour favoriser certaines pathologies. Les éleveurs sont d’ailleurs en première ligne et peuvent être sujets à des bronchites chroniques, à de l’asthme et à diverses affectations pulmonaires.

«Il n’y a plus aucun doute scientifique: l’ammoniac est à la source importante de particules très fines, les PM 2.5, elles-mêmes à l’origine d’une importante mortalité prématurée, pas tant liée aux maladies respiratoires qu’aux maladies cardio-vasculaires», explique ainsi à France 3 Jean-François Deleume, docteur en médecine, membre d’Eau et rivières de Bretagne. 

Élevage et engrais

Pour réduire la part de l’élevage dans les émissions d’ammoniac, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a listé certaines bonnes pratiques, comme une meilleure gestion des fumiers et lisiers ou l’augmentation des temps passé au pâturage pour les bovins. Mais réduire la densité des cheptels reste l’argument clef, notamment concernant les porcs, dont 95% sont élevés en bâtiments en caillebotis, précise France 3.

La question des engrais azotés a aussi été soulevée à plusieurs reprises, la part de ceux-ci dans les émissions d’ammoniac étant en constance augmentation. Une redevance pour les producteurs avait d’ailleurs été évoquée dans la Convention citoyenne sur le climat, mais les pouvoirs publics semblent vouloir jouer la montre. Il faut dire que la France est le premier marché européen pour ce type d’engrais.

Engagements européens intenables

Au-delà du cas breton, la gestion de la pollution à l’ammoniac en France inquiète l’Union européenne. Une directive de 2016 avait en effet imposé à Paris de réduire ses émissions de NH3 de 13% à l’horizon 2030. Mais l’objectif s’avère intenable, ces émissions restant stables depuis plusieurs années. Conscient du retard pris en la matière, la Commission européenne a d’ailleurs épinglé la France dans un récent rapport.

Bruxelles avait encore mis un coup de collier sur la pollution de l’air fin mars, les eurodéputés adoptant un rapport qui préconisait d’aligner les standards européens en la matière sur les normes de l’OMS. Les normes sur les particules ultrafines issues de l’ammoniac étaient spécifiquement visées.

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