Désastre écologique en Corse: «des bandits environnementaux mais pas que, ce sont des assassins»

© AFP 2024 PASCAL POCHARD-CASABIANCABaignade interdite sur la plage d'Aleria en Corse suite à une pollution aux hydrocarbures
Baignade interdite sur la plage d'Aleria en Corse suite à une pollution aux hydrocarbures - Sputnik Afrique, 1920, 15.06.2021
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Vers une catastrophe environnementale en Corse? Dans le sud-est de l’Île de Beauté, des galettes d’hydrocarbures ont été retrouvées sur les plages à la suite du probable dégazage sauvage d’un navire. La mairie de Conca, commune touchée par l’incident, craint que cela ne fasse fuir les touristes alors que la saison estivale n’a pas encore débuté.

Ce sont de petites galettes noires et visqueuses qui se sont invitées sur les plages de sable fin, défigurant le cadre idyllique de l’Île de Beauté. Les deux grandes nappes de pétrole qui avaient été découvertes au large des côtes ont finalement atteint certains rivages du sud-est de l’île lundi 14 juin. Une situation qui a poussé les autorités publiques à interdire l’accès aux plages et, de ce fait, la baignade, comme à Porto-Vecchio, ou encore Solaro.

​Parmi les communes touchées se trouve Conca, un village de 1.080 habitants. Pour son conseiller municipal en charge de cette crise, Adrien Mannarini, l’inquiétude est de mise: «Est-ce que de nouvelles “boulettes” vont s’échouer? On ne sait pas trop comme cela va évoluer dans le temps», se désole l’élu au micro de Sputnik. Deux plages, Favone et Tarco, ont été fermées au public et la sécurité civile, les pompiers et sept employés de la voirie se sont attelés au nettoyage des galettes d’hydrocarbures, détaille le conseiller municipal.

Comme des «boulettes» qui restent collées au sable

Une pollution qui résulterait du dégazage sauvage d’un navire, provoquant deux nappes d’environ 35 km de long. Pour faire la lumière sur cet incident, une enquête a été ouverte par le parquet de Marseille, compétent pour les affaires de pollution maritime sur le littoral méditerranéen français. Dans un communiqué, la juridiction a assuré que tout était «mis en œuvre pour identifier le commandant et la compagnie responsables de cette pollution».

© AFP 2024 PASCAL POCHARD-CASABIANCARésidus d'hydrocarbures sur la plage de Scaffa Rossa à Solaro en Corse
Désastre écologique en Corse: «des bandits environnementaux mais pas que, ce sont des assassins» - Sputnik Afrique, 1920, 15.06.2021
Résidus d'hydrocarbures sur la plage de Scaffa Rossa à Solaro en Corse

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a enfoncé le clou: «On soupçonne trois bateaux. On sait où ils sont. On va pouvoir les contrôler dans la journée ou demain.» «Ils seront sévèrement punis», a-t-elle affirmé sur France inter. Et pour cause, selon elle, «nous sommes sur de la délinquance caractérisée». Les responsables de ce désastre ne sont ni plus ni moins que «des bandits environnementaux», «qui dégazent, vident leurs cales des “eaux grises” qui ont été utilisées dans le moteur pour éviter d’avoir à le faire à quai et pour faire des économies», a-t-elle explicité.

Un qualificatif qu’est loin de démentir Adrien Mannarini, qui se fait plus cinglant:

«Des bandits environnementaux mais pas que. […] Ce sont des assassins, ils tuent l’environnement. Il faudrait des sanctions à la hauteur de ces crimes, il n’y a pas d’autres mots, ce sont des crimes», fustige l’élu.

Une véhémence qu’il explique par le fait que cet incident a d’ores et déjà des répercussions sur les commerçants, les établissements situés sur les côtes, les baigneurs qui souhaitent profiter des plages ou encore les plaisanciers.

«Ce n’est pas une marée noire»

Faut-il craindre un désastre écologique? François Ravier, préfet de Haute-Corse, s’est voulu rassurant dans une interview donnée à Europe 1: «Ce n’est pas une marée noire, on n’est pas du tout dans des phénomènes de cette ampleur», a-t-il affirmé.

​«L’essentiel de la nappe a été récupéré mais on est incapable de dire combien il en reste et ce qui va arriver sur la côte», a indiqué à l’AFP ce mardi 15 juin la capitaine de frégate Christine Ribbe, porte-parole de la préfecture maritime de Méditerranée.

«Ce que l’on peut voir aujourd’hui, ce sont surtout des taches huileuses, des filaments et des microboulettes que l’on ramasse à l’épuisette. On fait un microtravail sur des éléments très difficiles à récupérer mais si cette pollution arrive à terre, le travail sera encore plus compliqué», a-t-elle prévenu.

Depuis le repérage de cette pollution vendredi 11 juin lors d’un exercice aérien au large de la Corse, deux tonnes d’hydrocarbures ont été récupérées sur les plages du sud-est et quatre tonnes en mer grâce notamment à la mise en place de dispositifs antipollution.

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