Selon des informations de CNN, une «fuite» de combustible serait en cours à la centrale de Taishan. L’Administration Biden aurait planché sur le cas tout au long de la semaine dernière. Les dirigeants américains auraient «discuté de la situation avec le gouvernement français». Washington aurait été directement averti de cette «menace radioactive imminente» le 3 juin par la branche américaine de Framatome, ex-filiale d’Areva rachetée en 2018 par EDF et Mitsubishi Heavy Industries.
«EDF est, en quelque sorte, obligé de prendre les devants et de communiquer là-dessus pour ne pas être accusée d’avoir caché l’affaire. Qu’on ne dise pas qu’il y a eu un incident à Taishan, qu’EDF savait et n’a rien dit!» réagit auprès de Sputnik Jacques Percebois, président du Centre de recherche en économie et droit de l'énergie (CREDEN).
Un «principe de précaution à l’extrême, pour des raison certes environnementales, mais surtout judiciaires», observe, sous couvert d’anonymat, un avocat international spécialisé dans le domaine de l’énergie. Pour rappel, l’ex-maison mère de Framatome, Areva, est restée plusieurs années dans le collimateur du département de la Justice outre-Atlantique (DoJ).
À l’heure actuelle, «EDF a convoqué un conseil d’administration exceptionnel». «Cela veut dire qu’ils prennent les choses au sérieux», tempère Jacques Percebois. Pour lui, la balle est à présent dans le camp de Pékin: «tout dépendra de la réaction des Chinois.» «Il faut être sûr qu’ils aient bien compris que la transparence est un atout et pas un handicap», insiste notre intervenant. À ses yeux, cette médiatisation peut être perçue comme un moyen de forcer la main aux autorités chinoises, afin qu’elles fassent toute la lumière sur l’incident.
Répercussions sur les futurs chantiers en France et en Pologne, au profit des États-Unis?
L’événement tombe extrêmement mal pour le groupe français. «Ce n’est pas le moment qu’il y ait des incidents», note Jacques Percebois, qui rappelle les contrats actuellement en jeu autour de l’EPR made in France.
Donc, au-delà de se couvrir face au DoJ ou de pousser des partenaires chinois à faire toute la lumière sur cet incident, cette anticipation d’EDF pourrait viser surtout à rassurer ses clients potentiels. L’énergéticien espère voir, le gouvernement se prononcer sur le lancement de six chantiers en France d’ici à la prochaine élection présidentielle. Et, au-delà du marché domestique, EDF compte également remporter une énorme commande en Pologne. Estimé à plus de 34 milliards de d'euros, ce méga contrat est particulièrement disputé à EDF… par les Américains.