«Suprémacisme blanc», «récit d’un sauveur blanc»: un film sur la fusillade de Christchurch suscite une polémique

© AP Photo / Vincent YuLa mosquée Masjid Al Noor à Christchurch, en Nouvelle-Zélande
La mosquée Masjid Al Noor à Christchurch, en Nouvelle-Zélande - Sputnik Afrique, 1920, 13.06.2021
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Une polémique sur le «récit d’un sauveur blanc» a éclaté en Nouvelle-Zélande après l’annonce d’un projet de film sur le massacre de Christchurch, qui est surtout consacré à la réaction de la Première ministre du pays à cette tragédie. Jacinda Ardern a dû s’expliquer.

Le scénario d’un futur film d’un réalisateur néo-zélandais, qui vante la position de la Première ministre Jacinda Ardern après la fusillade dans deux mosquées de Christchurch en mars 2019, a suscité le mécontentement de certains experts et de la communauté musulmane en Nouvelle-Zélande, relate le Hollywood Reporter.

L’action du long-métrage se déroule dans les jours qui suivent l’attaque d’un suprémaciste blanc contre les mosquées de Christchurch. Son personnage central n’est pas un survivant ou l’assaillant, mais Jacinda Ardern, dont le rôle serait confié à l’australienne Rose Byrne.

Le film montre comment elle a contribué à la consolidation du peuple en publiant un message de compassion et d'unité, et ses efforts visant à interdire les fusils d'assaut, précise le Hollywood Reporter. Le film a comme titre They Are Us («Ils sont nous»), une phrase prononcée par Mme Ardern dans un discours de l’époque.

Un hashtag spécial lancé en ligne

Les critiques du film estiment que l’accent mis sur les activités de la chef du gouvernement fait oublier l'expérience des musulmans toujours aux prises avec les conséquences du massacre. Des survivants, des musulmans et plusieurs personnalités politiques et publiques ont réagi au projet en rendant populaire le hashtag #TheyAreUsShutdown («Fermez le projet They Are Us») sur les réseaux sociaux.

«Oui, à propos, c’est du suprémacisme blanc», a notamment indiqué sur Twitter Golriz Ghahraman, députée du Parti vert au parlement néo-zélandais.

«Détourner l’attention du terrorisme blanc vers le récit d’un sauveur blanc», tel est l'objectif des auteurs du film selon un utilisateur de Twitter.

«"They Are Us ne concerne pas tant l’attaque que la réponse à l’attaque". Oui, le meurtre de 51 musulmans n'est que la toile de fond de l'histoire d'une femme blanche devenue une grande dirigeante. Les BIPOC [personnes autochtones, noires et de couleur, ndlr] ne sont vraiment que des accessoires dans ce monde de Blancs. #TheyAreUsShutDown», indique une internaute.

​Tony Green, un fidèle de la mosquée An-Nur de Christchurch qui a été porte-parole de l'Association musulmane de Canterbury après les attentats, a déclaré que le lancement du projet avait indigné des proches des victimes, précise le groupe de presse néo-zélandais Stuff.

«C’est vendu comme une […] représentation de l'héroïsme face au terrorisme. Dans son essence, c'est une histoire sur un acte du suprémacisme blanc qui est centrée sur les voix blanches, les sentiments blancs et l'héroïsme blanc», est-il affirmé dans un article du New Zealand Herald.

Une pétition reçoit des milliers de signatures

Une pétition en faveur de la fermeture du projet a déjà recueilli plus de 40.000 signatures depuis son lancement le 11 juin sur le site Change.org par la National Islamic Youth Association de Nouvelle-Zélande.

«Nous protestons contre le film They Are Us, car il écarte les victimes et les survivants et concentre plutôt la réponse d'une femme blanche», indiquent les auteurs de la pétition.

Mme Ardern a pris ses distances avec le film en indiquant que «le Premier ministre et le gouvernement n'ont aucun lien avec» ce projet. Elle a déclaré à RNZ que les cinéastes ne l'avaient consultée sous aucune forme au sujet de leurs projets.

Fusillade de Christchurch

Le 15 mars 2019, un suprémaciste blanc australien, Brenton Tarrant, a abattu 51 fidèles durant la prière du vendredi dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, suscitant une immense vague d'indignation dans le monde entier.

En août 2020, il a été condamné à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. La Première ministre du pays, Jacinda Ardern, a aussitôt réagi en lui souhaitant une vie de «silence total et absolu».

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