Volodymyr Zelensky a soumis à la Rada suprême (Parlement ukrainien) un projet de loi sur les peuples autochtones d’Ukraine. Le terme «peuples autochtones» est mentionné dans la Constitution ukrainienne. Selon l’article 11 de la loi fondamentale, l’État devrait «contribuer au développement de l’identité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse des peuples autochtones et des minorités nationales d’Ukraine.»
«En soi, la division de gens en autochtones de premier choix et de second choix ressemble beaucoup à la théorie et la pratique de l’Allemagne nazie», a commenté Vladimir Poutine, évoquant le sort des russophones ukrainiens. Il a notamment soulevé l’un des points du projet de loi, qui entend que les autochtones ne peuvent pas être discriminés. «Mais il y a une règle générale, selon laquelle est autorisé tout ce qui n’est pas interdit. Les autochtones ne peuvent pas être discriminés et ceux qui ne le sont pas le peuvent? Y compris les Russes?» a réagi le chef du Kremlin.
Seuls trois peuples correspondent aux critères du projet de loi Zelensky. Il vise principalement les Tatars de Crimée, dont la population en Ukraine est estimée à environ 300.000 personnes, dont environ 90% vivent en Crimée. Deux petits peuples de Crimée entrent aussi dans les critères de la loi: les Karaïmes, qui comptent près de 1.200 personnes, dont environ 500 vivent en Crimée et les Krymchaks, dont le nombre ne dépasse pas quelques centaines de personnes.
Les Ruthènes hors la loi en Ukraine
Au micro de Sputnik, Mikhaïl Tyasko, vice-président du Conseil mondial des Ruthènes des Basses-Carpates, se montre très inquiet face au nouveau projet de loi ukrainienne.
«Les Tatars de Crimée n’ont été reconnus comme peuple autochtone que parce qu’ils font désormais partie de la Russie. La Crimée n’est plus le territoire de l’Ukraine. De jure oui, de facto non. Les autorités ukrainiennes veulent juste torpiller la Russie en reconnaissant aujourd’hui les Tatars.»
«En 2006, l’Onu a recommandé à l’Ukraine de reconnaître la nationalité ruthène et de soutenir sa culture, permettant –au moins au niveau régional– d’enseigner la langue ruthène sur le territoire de l’actuelle région de Transcarpatie et de l’ancienne Rus’ des Basses-Carpates», rétorque Mikhaïl Tyasko.
Après le «renversement du gouvernement Ianoukovitch et le déclenchement du conflit» dans l’Est ukrainien, les activistes pour les droits des Ruthènes ont été «inclus dans la liste des séparatistes». Résultat, Mikhaïl Tyasko vit désormais en Tchéquie.
«En 2014 –2015, nous étions persécutés à tel point que nous ne pouvions même pas rentrer à la maison. J’ai essayé plusieurs fois, mais après plusieurs visites d’agents de la Sécurité, nous avons décidé de ne pas mettre en danger notre famille et nos proches. Nous avons complètement arrêté d’aller en Ukraine. J’espère qu’un jour, la situation changera», déplore Mikhaïl Tyasko.
La loi de 2012 approuvée par le Président Ianoukovitch sur l’enseignement de la langue ruthène dans les écoles primaires en Ukraine donne aujourd’hui lieu, d’après notre interlocuteur, à des «déclarations politiques, qui ne sont pas vraies», car de facto la langue ruthène, basée sur l’alphabet cyrillique, n’est pas enseignée en Ukraine.