Au nom du climat Washington «se mutilera-t-il»?

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Extraction de pétrole - Sputnik Afrique, 1920, 12.06.2021
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Tandis que la Russie et l’OPEP s’apprêtent à augmenter leur production de pétrole, les États-Unis de Joe Biden la suspendent en Alaska. Selon le Wall Street Journal, le pays perdait ainsi son avantage face à ses concurrents.

Le Président Biden a suspendu les baux pétroliers dans le refuge national de la faune arctique (Arctic National Wildlife Refuge, ANWR) en Alaska, alors même que la Russie et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont annoncé une augmentation de leur production. Selon le Wall Street Journal, les États-Unis se préparent ainsi à s’infliger l'une des plus graves automutilations de leur Histoire.

Car au nom de la préservation de l’environnement, à savoir par des mesures visant à arrêter le réchauffement climatique, le pays risque de se priver de l’un de ses avantages économiques clés. Cependant, cette politique anti-carbone de M. Biden n'aura aucun effet puisque la demande mondiale de combustibles fossiles continuera d'augmenter pendant des décennies, quoi que fassent les États-Unis. Pendant ce temps, la Russie, la Chine et l'Iran en profiteront, s’inquiète le journal.

Les pays de l’OPEP+ ont amplifié, surtout grâce à l’Arabie saoudite, la production de pétrole en mai 2021 de 320.000 barils par jour, à 40,39 millions de barils par jour, d'après un rapport de l’Agence internationale de l'énergie (AIE). Les 23 membres du cartel laissent inexploitée une énorme partie de leurs réserves pour ne pas inonder le marché, fragilisé par la pandémie, mais le retour de la demande et la hausse des prix offrent déjà une possibilité de reprise. En outre, les plus grands producteurs affiliés à l’OPEP+, tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Russie, investissent déjà dans l’élargissement de leurs capacités ou leur maintien, selon l’AIE.

Adieu la dépendance?

Il n'y a pas si longtemps, rappelle le média, les États-Unis dépendaient de l'OPEP en matière d’approvisionnement. Mais la fracturation hydraulique et le forage horizontal leur ont permis d'extraire du pétrole et du gaz naturel que l'on croyait autrefois inaccessibles. Cela a autorisé les producteurs à augmenter drastiquement leurs exportations sur les marchés mondiaux, en réduisant ainsi la domination de l'OPEP.

C’est «grâce notamment à leur pétrole non conventionnel, qu’on appelle souvent pétrole de schiste», qui constitue la majeure partie de leur production, que les États-Unis ont pu détrôner l’Arabie saoudite et la Russie, avait expliqué à Sputnik Francis Perrin, chercheur associé au Policy Center for the New South et directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).

En riposte, l'OPEP a tenté de contrer les producteurs américains en inondant les marchés en pétrole, mais en 2019, les États-Unis produisaient déjà près de deux fois et demie plus de brut qu'en 2008, développe le WSJ. L'OPEP et la Russie ont alors dû limiter leur production pour augmenter les prix et soutenir les budgets dépendant des pétrodollars, rappelle le média.

Le WSJ s’indigne

Pendant la pandémie, les producteurs américains ont réduit leurs investissements en raison d’une demande en chute libre. Les prix sont depuis revenus à leur plus haut niveau depuis deux ans, mais le gouvernement des États-Unis et les investisseurs progressistes préparent un nouveau repli plus important, poursuit le WSJ. Les grandes banques américaines ont refusé de financer des projets pétroliers dans l'ANWR.

«Les progressistes veulent renoncer à l'un des principaux avantages économiques stratégiques de l'Amérique au nom de la sauvegarde du climat. Mais bannir les combustibles fossiles des États-Unis n'éliminera pas les émissions de carbone, qui seront produites ailleurs. Il en sera de même pour les emplois, la croissance économique et l’influence géopolitique», s’indigne le Wall Street Journal.

Entre-temps, la Russie est en train d’achever la construction du gazoduc Nord Stream 2 allant vers l'Allemagne, car Joe Biden a refusé de sanctionner les entreprises qui gèrent le projet, renchérit le journal.

Pas de sanctions

Joe Biden a en effet jugé contre-productives les sanctions frappant les constructeurs du gazoduc russe, car le projet est quasiment achevé et leur maintien aurait pu détériorer les relations entre les États-Unis et l’Europe, surtout avec l’Allemagne, laquelle y a beaucoup investi.

Le 19 mai, le Secrétaire d’État Antony Blinken a annoncé que les États-Unis, qui s’opposent à ce projet depuis des années, avaient renoncé aux sanctions visant la société Nord Stream AG ainsi que son PDG Matthias Warnig de même que des dirigeants mandataires sociaux. Ce geste était «dans l’intérêt national des États-Unis», selon lui. Dans le même temps, Washington a adopté des sanctions contre plusieurs organisations et navires russes liés au Nord Stream 2.

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