Le jour de la libération est enfin arrivé! À nouveau. Ce 9 juin, le gouvernement a allégé les restrictions liées au Covid-19 et autorisé dans sa grande bonté le pays à se rapprocher d’un semblant de normalité.
Des privations de liberté dont la pertinence peut être contestée. En effet, même une vaccination complète ne garantit en rien un retour stable à la «vie d’avant». Les voyageurs britanniques vaccinés qui avaient été autorisés à visiter le Portugal sans restriction ont été soudainement contraints de rentrer chez eux cette semaine ou de faire face à dix jours de quarantaine à leur arrivée car le gouvernement britannique a brusquement retiré le Portugal de sa liste «verte» des destinations sans restriction. Un cas de variant népalais a été détecté au Portugal, tandis que 43 cas ont été découverts en Grande-Bretagne le même jour.
Aujourd’hui, le virus semble s’estomper comme à la même époque l’année dernière. Que conclure de cette décrue? Anne Sénéquier, médecin et chercheuse, codirectrice de l’Observatoire de la santé mondiale à l’Institut de relations internationales et stratégiques, considère qu’il faut analyser les choses petit à petit:
«Aujourd’hui, 50% de la population française est primovaccinée, cela influe forcément sur la propagation du virus. On sait qu’une vaccination complète ne suffit pas pour être protégé, c’est une protection de 91% seulement. Les 9% de risque restants sont en outre corrélés à la possibilité de nouveaux variants.»
Alors que les jeunes Français de 12-15 ans sont autorisés à se faire vacciner à partir du 15 juin, le Comité d’éthique juge le bénéfice individuel de cette démarche «très limité». Selon l’organisme, il existerait des alternatives comme la «responsabilisation des adultes» ou le «tester-tracer-isoler», tandis que les risques de la vaccination sont peu connus.
«Ils [les enfants, ndlr] ne risquent pas complètement rien. Ils risquent moins que les personnes dites vulnérables mais des pathologies ont été mises en évidence. On les vaccine parce que même s’ils ne font pas de forme grave, ils font partie de la chaîne de transmission», rappelle Anne Sénéquier.
On peut bien se demander si l’équation bénéfice/risque sur la vaccination des jeunes est valable. La médecin estime que les informations fiables viendront sur le long terme.
«Lorsque l’année dernière on disait qu’il nous fallait dix ans pour fabriquer un vaccin, ce n’est pas parce qu’on mettait dix ans pour fabriquer le vaccin. On mettait dix ans pour analyser l’efficacité, le fait qu’il ne soit pas problématique pour la physiologie du corps humain, mais aussi pour ses effets à court, moyen et long terme. Et au bout de ces dix ans, on avait du recul. Peut-être pas dix ans, mais au moins quatre-cinq ans. Ce qu’on n’a pas aujourd’hui puisqu’on a mis l’urgence sanitaire en priorité et qu’il aurait été absolument inacceptable pour les populations d’entendre dire qu’on a besoin d’être sûr que ça soit complètement safe avant de dérouler une campagne de vaccination.»