Quelques jours après que l’interdiction à Sarcelles des courses-poursuites policières a indigné certains agents, un sondage a montré l’attitude des Français envers ce type d’intervention concernant les rodéos urbains.
Environ huit Français sur 10 ayant pris part à ce sondage de l’institut Consumer Science & Analytics (CSA) pour CNews souhaitent que la police fasse tout afin d’arrêter les auteurs de rodéos urbains.
La balise d’opinion a été réalisée sur un échantillon de 1.000 répondants.
78% des personnes interrogées estiment que les policiers doivent «tout mettre en œuvre pour interpeller [les auteurs des rodéos sauvages] même si c’est très dangereux».
Le reste, soit 22%, veulent que les courses-poursuites soient interdites aux policiers «car cela peut entraîner des accidents graves pour les conducteurs de 2 roues concernés».
Résultats selon le sexe et l’âge
Quant à la répartition des opinions selon le sexe, 83% des hommes sont favorables au maintien des courses-poursuites contre 17%. Les femmes sont 73% à soutenir cette mesure contre 27%.
Pour les tranches d’âge, ce sont les plus jeunes, âgés de 18 à 24 ans, qui représentent la plus grande partie de ceux qui veulent interdire les courses-poursuites. Les plus de 65 ans les privilégient. Ils ne sont que 15% à souhaiter les interdire.
Concernant l’affiliation à des partis politiques, les Français proches de la droite favorisent leur maintien (88% des Républicains ou encore 85% du Rassemblement national). Les personnes soutenant leur interdiction sont proches de la gauche (41% de La France insoumise et 24% pour le Parti Socialiste).
Interdiction à Sarcelles
Dans une note publiée la semaine dernière, la commissaire Fabienne Azalbert, cheffe du commissariat de Sarcelles, a rappelé que les policiers ont été interdits de prendre en charge un engin motorisé, de deux ou quatre roues. Une décision qui n’a pas été appréciée par le syndicat Unité SGP Police-FO.
«Plus personne ne voudra se faire contrôler dès que cela se saura. Cela risque d’instaurer des zones de non-droit dans les quartiers difficiles», s’est insurgé Franck Lebas, secrétaire départemental du syndicat concerné auprès du Parisien.
Or, à Paris et dans les départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, la situation est différente. Si une note de 2015 interdisait les poursuites sauf interventions liées à des «crimes de sang», une nouvelle l’a remplacée en juillet 2020. Selon ce document publié par le préfet de police de Paris Didier Lallement, les forces de l’ordre de ces départements y sont désormais autorisées.
Des échauffourées suite à la mort d’adolescents
Les morts provoquées par ce type de rodéos dans certains quartiers ont souvent engendré d’importantes émeutes. Ainsi en 2007 la commune de Villiers-le-Bel dans le Val-d’Oise a connu des violences urbaines d’envergure suite à la mort de deux adolescents sur une moto-cross due à une collision avec un véhicule de la Police nationale.
En mai 2017, la mort d’un adolescent à Massy (dans l’Essonne) qui a eu lieu alors qu’il fuyait la police sur son quad, a également suscité des violences de deux nuits.
D’importantes émeutes ont éclaté en avril 2020 suite à la diffusion d’une vidéo montrant un motard grièvement blessé et hurlant de douleur dans un autre accident qui a impliqué une voiture de police à Villeneuve-la-Garenne. Presque un an après les faits, il a été condamné à une peine d’emprisonnement.
La procureure Delphine Le Bail a qualifié cela d’«illustration de ce fléau que sont les rodéos à moto dans les cités des Hauts-de-Seine, emblématique […] de l'emballement de la violence».