Le tribunal de Moscou a reconnu ce 9 juin le caractère extrémiste du Fonds de lutte contre la corruption (FBK), organisation à but non lucratif considérée comme exerçant la fonction d'agent étranger créée par l’opposant russe Alexeï Navalny. La décision de la justice, qui doit être appliquée dans l’immédiat, prévoit le démantèlement de cette organisation ainsi que celui du Fonds de protection des droits des citoyens (FZPG) et de nombreux QG de Navalny à travers la Russie.
La défense a déjà annoncé qu’elle ferait appel de cette décision.
Selon l’accusation, la reconnaissance du FBK comme extrémiste est «légitime et bien fondée», les membres du Fonds de Navalny «étant impliqués dans la création des conditions de la déstabilisation de la situation» politique et sociale dans le pays, en incitant les mineurs à participer à des rassemblements non-autorisés.
Inciter à une «révolution de couleur»
D’après le procureur, le vrai but des activités de l’organisation de Navalny consiste à «créer les conditions d'un changement des fondements de l'ordre constitutionnel, notamment en utilisant le scénario de la ˝révolution de couleur˝», comme cela a été le cas en Ukraine ou en Géorgie. Pourtant, pour l’avocat du FBK Ivan Pavlov, une telle accusation est dénuée de fondement, écrit-il sur Telegram.
Selon lui, la notion de «révolution de couleur» n'est pas légale, elle ne peut donc pas servir d'argument dans un tel litige. Qui plus est, le droit de participer à des rassemblements pacifiques est inscrit dans la Constitution et le changement de pouvoir est un principe constitutionnel de base.
Affaire Navalny
C’est à la mi-avril que, suite à une inspection, le parquet de la capitale russe a exigé que les organisations en question soient reconnues comme extrémistes. Le FBK a notamment été impliqué dans l’organisation de plusieurs rassemblements non-autorisés fin janvier et début février, en soutien à l’opposant Alexeï Navalny, aujourd’hui emprisonné.
Après avoir suivi un traitement médical en Allemagne, Navalny a été arrêté à l’aéroport de Moscou à son retour en janvier dernier. Début février, la justice russe a commué la peine avec sursis dont il a écopé dans le cadre de l’affaire d’escroquerie liée à Yves Rocher, en deux ans de prison ferme.