Dans une vidéo publiée le 3 juin sur YouTube, le chef de la file de La France Insoumise (LFI) décortique les causes de la panne des numéros d’urgence survenue la veille. Une séquence qui a refait surface suite à ses déclarations sur France Inter, où il prédisait un «grave incident ou un meurtre» avant la présidentielle de 2022.
Pour rappel, le 2 juin, partout en France, les numéros 15 (Samu), 17 (police), 18 (pompiers) et 112 (numéro européen unique) étaient hors service pendant plusieurs heures en raison d’une défaillance touchant les installations de l’opérateur Orange, qui héberge ces services. Les personnes tentant d’appeler les secours ont dû utiliser les lignes directes à 10 chiffres mises en place dans l'urgence.
Dans les meilleures traditions du complotisme, M.Mélenchon soupçonne le «système» d’avoir mis en place cette panne en vue de privatiser les numéros d’urgences.
«Je trouve ça suspect parce que ça rentre dans un système où à chaque fois qu’il s’agit de privatiser quelque chose, on commence par montrer que le service public ne fonctionne pas ou qu’il y a un problème», développe Jean-Luc Mélenchon dans sa vidéo.
Tout le monde s’étonne des propos de Jean-Luc Mélenchon sur Inter hier, mais personne ne s’est étonné des propos tout aussi étranges diffusés quelques heures avant sur sa chaîne Youtube 🤔#Quotidien pic.twitter.com/qMAXb4sIFl
— Quotidien (@Qofficiel) June 7, 2021
Sans entrer dans les détails ni donner de noms, il expose sa pensée:
«Voilà comment ils travaillent, eux. Ils sabotent, ils font les choses. Et puis ils les mettent en épingle pour vous montrer pourquoi il faut du privé».
Par ailleurs, il évoque les discussions sur la privatisation d’EDF et pointe Bruxelles «qui impose le démantèlement des grands services publics en instaurant une concurrence».
Sur l’emploi du mot «sabotage»
Ainsi, le mot «sabotage», soit une action de mettre hors d’usage volontairement du matériel, est-il approprié pour décrire cet incident téléphonique majeur? Pour Adrien Quatennens, coordinateur de La France insoumise, l’emploi de ce terme est bien justifié.
«En réalité c’est un sabotage», insiste-t-il mardi 8 juin sur BFM TV. D’après lui, le sabotage dont Mélenchon parle, c’est «d’avoir privatisé un service qui fonctionne bien», en l’occurrence l’opérateur Orange (ex-France Télécom) qui a été privatisé en 2004.
«On a sous-investi et privatisé de telle manière que les choses se sont dégradées», lance-t-il.
«Le but c’est de faire en sorte qu’il n’y ait plus du tout de capacité publique sur ces sujets», renchérit le coordinateur de LFI.
Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. «Le seul sabotage auquel on assiste, et en direct, c’est en fait celui de sa propre campagne par Jean-Luc Mélenchon», lâche sur Twitter Cédric O, secrétaire d’État au Numérique.
Le seul sabotage auquel on assiste, et en direct, c’est en fait celui de sa propre campagne par @JLMelenchon. Et il nous faut, en la matière, lui reconnaitre une forme de talent. #naufrage https://t.co/9geTzkzQf8
— Cédric O (@cedric_o) June 7, 2021
De son côté, Mélenchon n'a pas développé sa théorie davantage et s’est contenté de pointer un «Mélenchon-bashing» développé par les médias en lien avec ses propos sur les attentats avant les présidentielles.
Les médias pourraient-ils observer une pause de 5 minutes dans le Mélenchon-bashing pour se demander pourquoi ni le gouvernement ni le parquet ne réagissent aux menaces de mort de #Papacito ? C'est complotiste de s'interroger ? Faut-il d'abord être mort ?
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 8, 2021
Une enquête en cours
L’opérateur Orange mène actuellement une enquête interne approfondie pour établir les causes de la panne. Ses conclusions sont attendues le 11 juin.
Le gouvernement avait de son côté annoncé le 4 juin le lancement d'un audit «de contrôle de la sécurité et de l'intégrité» du réseau et des services d'Orange, piloté par l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (Anssi). Ses conclusions sont attendues dans un délai de deux mois.
L’incident a entraîné au moins quatre décès, dont celui d’un enfant de 28 mois.
L’État français est actuellement le premier actionnaire d’Orange avec 23% du capital.