41%, c’est le recul des exportations d’armement français en 2020, selon le rapport annuel du ministère français des Armées. Au cours d’une année marquée par l’absence de grands contrats supérieurs à 500 millions d’euros, les ventes d’armes tricolores sont ainsi passées de 8,3 milliards d’euros en 2019, à 4,9 milliards d’euros.
La France en perte de vitesse au Proche et Moyen-Orient
Ceci ne «traduit pas une tendance de fond», se défend Ballard. Et pour cause, la signature fin janvier d’un contrat Rafale en Grèce, puis l’annonce début mai d’un accord négocié en catimini entre Paris et Le Caire, suivi de la victoire du Rafale en Croatie devraient clairement redonner des couleurs aux exportations d’armes françaises en 2021, sur le plan des prises de commandes. Ces trois contrats représentent en effet à eux seuls près de 7,25 milliards d’euros.
Le Proche et Moyen-Orient redeviennent ainsi la première zone géographique où la France exporte le plus ses armes. Cependant, la part et le volume des commandes qu’ils représentent dans les ventes françaises continuent de baisser. Rassemblant encore plus de 58% des débouchés de la BITD tricolore en 2017, le Levant ne pèse plus que le quart des armes achetées aux industriels de l’Hexagone et avait laissé sa première place à l’Union européenne l’an passé.
Réorientation sur le continent européen… jusqu’en Ukraine
Encore classée cinquième en 2017, l’UE s’est donc rapidement imposée comme la première cliente de l’industrie française de l’armement, bondissant de moins de 6% à près de 42% des commandes en seulement deux ans. Si elle est redescendue à la seconde marche du classement en 2020 avec cinq fois moins de commandes, elle consolide sa deuxième place en matière de zone de débouchés. Un constat dont n’est pas peu fière Florence Parly qui, depuis 2017, martèle un même mantra: redoubler d’efforts sur un marché européen jusque-là dominé par les industriels américains. Perdues entre les lignes, on remarquera également l’essor des commandes passées par l’Ukraine à la France. Alors qu’elles n’avaient jamais dépassé quelques centaines de milliers d’euros par an, en 2020, elles bondissent à près de 100 millions d’euros. À noter que ce pays n’est pas inclus dans le décompte des membres de la zone UE.
«Depuis quatre ans, je fais le choix de conduire une politique d’exportation résolument européenne», rappelle la ministre des Armées dans son propos liminaire, «car derrière l’export, il y a la construction incessante de notre souveraineté et de notre autonomie stratégique». Une démarche «qui porte aujourd’hui ses fruits», se félicite-t-elle. À ce titre, la consécration du Rafale en Grèce et en Croatie semble clairement être également la sienne, «pour la première fois, la France exporte des Rafale vers des pays membres de l’UE et de l’Otan».
Centrer les efforts sur l’Europe: un pari à double tranchant
Toutefois, si la hausse du montant des commandes de pays membres de l’UE est nette ces dernières années, notons qu’elles sont surtout boostées par d’importants contrats.
Reste cependant à savoir si cette tendance perdurera car pour l’heure, tous ces montants font encore figure d’exceptions dans la monotonie des commandes d’Européens à la France. Si ces dernières furent bonnes en 2018 et 2019, c’est justement leur soudain repli qui explique la chute globale des résultats à l’export de la France en 2020. En effet, avec un volume divisé par cinq, bien plus que partout ailleurs dans le monde, l’effondrement des commandes des Européens explique à lui seul 80% du recul total de 3,4 milliards d’euros des ventes françaises.