Exportations d’armes: la France en perte de vitesse, la faute à son pari européen?

© AFP 2024 ALAIN JULIENUn char Leclerc, le 15 Juin 2006 à Mourmelon
Un char Leclerc, le 15 Juin 2006 à Mourmelon - Sputnik Afrique, 1920, 05.06.2021
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La France a enregistré 4,9 milliards d’euros de commandes d’armement en 2020, contre 8,3 milliards un an plus tôt. Une chute liée à la crise sanitaire, selon le ministère des Armées qui se félicite cependant de la part prise par les Européens dans les exportations d’armes françaises. Les Européens responsables pourtant de 80% de cette baisse.

41%, c’est le recul des exportations d’armement français en 2020, selon le rapport annuel du ministère français des Armées. Au cours d’une année marquée par l’absence de grands contrats supérieurs à 500 millions d’euros, les ventes d’armes tricolores sont ainsi passées de 8,3 milliards d’euros en 2019, à 4,9 milliards d’euros.

La France en perte de vitesse au Proche et Moyen-Orient

Ceci ne «traduit pas une tendance de fond», se défend Ballard. Et pour cause, la signature fin janvier d’un contrat Rafale en Grèce, puis l’annonce début mai d’un accord négocié en catimini entre Paris et Le Caire, suivi de la victoire du Rafale en Croatie devraient clairement redonner des couleurs aux exportations d’armes françaises en 2021, sur le plan des prises de commandes. Ces trois contrats représentent en effet à eux seuls près de 7,25 milliards d’euros.

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Quant aux débouchés de l’industrie française d’armement, le premier client de l’Hexagone en matière d’armes est l’Arabie saoudite, malgré l’embargo de l’Allemagne. Décrété à la suite du meurtre de Jamal Khashoggi en octobre 2018, celui-ci empêche l’exportation de matériels conjointement développés avec Berlin. Le royaume wahhabite vole, pour la deuxième année consécutive, la palme au Qatar, dont le montant des commandes (mais pas des livraisons) a fondu ces dernières années.

Le Proche et Moyen-Orient redeviennent ainsi la première zone géographique où la France exporte le plus ses armes. Cependant, la part et le volume des commandes qu’ils représentent dans les ventes françaises continuent de baisser. Rassemblant encore plus de 58% des débouchés de la BITD tricolore en 2017, le Levant ne pèse plus que le quart des armes achetées aux industriels de l’Hexagone et avait laissé sa première place à l’Union européenne l’an passé.

Réorientation sur le continent européen… jusqu’en Ukraine

Encore classée cinquième en 2017, l’UE s’est donc rapidement imposée comme la première cliente de l’industrie française de l’armement, bondissant de moins de 6% à près de 42% des commandes en seulement deux ans. Si elle est redescendue à la seconde marche du classement en 2020 avec cinq fois moins de commandes, elle consolide sa deuxième place en matière de zone de débouchés. Un constat dont n’est pas peu fière Florence Parly qui, depuis 2017, martèle un même mantra: redoubler d’efforts sur un marché européen jusque-là dominé par les industriels américains. Perdues entre les lignes, on remarquera également l’essor des commandes passées par l’Ukraine à la France. Alors qu’elles n’avaient jamais dépassé quelques centaines de milliers d’euros par an, en 2020, elles bondissent à près de 100 millions d’euros. À noter que ce pays n’est pas inclus dans le décompte des membres de la zone UE.

«Depuis quatre ans, je fais le choix de conduire une politique d’exportation résolument européenne», rappelle la ministre des Armées dans son propos liminaire, «car derrière l’export, il y a la construction incessante de notre souveraineté et de notre autonomie stratégique». Une démarche «qui porte aujourd’hui ses fruits», se félicite-t-elle. À ce titre, la consécration du Rafale en Grèce et en Croatie semble clairement être également la sienne, «pour la première fois, la France exporte des Rafale vers des pays membres de l’UE et de l’Otan».

Centrer les efforts sur l’Europe: un pari à double tranchant

Toutefois, si la hausse du montant des commandes de pays membres de l’UE est nette ces dernières années, notons qu’elles sont surtout boostées par d’importants contrats.

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D’«indéniables beaux coups» pèsent lourd, comme la commande belge de blindés (Griffon et Jaguar) en 2018 pour 1,8 milliard d’euros, suivie de celle de chasseurs de mines en 2019 pour près de 2 milliards d’euros. S’ajoute, sur la même période, une importante commande d’hélicoptères de combat en Hongrie (630 millions d’euros) et celle de deux satellites militaires de télécommunication (430 millions d’euros) par Madrid. En 2021 s’annonce également une réussite avec les deux commandes de Rafale, en Grèce et en Croatie, qui donnent le ton.

Reste cependant à savoir si cette tendance perdurera car pour l’heure, tous ces montants font encore figure d’exceptions dans la monotonie des commandes d’Européens à la France. Si ces dernières furent bonnes en 2018 et 2019, c’est justement leur soudain repli qui explique la chute globale des résultats à l’export de la France en 2020. En effet, avec un volume divisé par cinq, bien plus que partout ailleurs dans le monde, l’effondrement des commandes des Européens explique à lui seul 80% du recul total de 3,4 milliards d’euros des ventes françaises.

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