Le quinquennat Macron donne lieu à une profusion inédite de baromètres d’opinion publique dans l’histoire de la Ve République, se traduisant par des dépenses évaluées à plusieurs millions d’euros, constate L’Obs qui affirme avoir réalisé «une minutieuse enquête» sur ce sujet.
Selon le magazine, le Service d’information du gouvernement (SIG), chargé de décrypter les évolutions de l’opinion, a littéralement «explosé son budget en dépensant 28 millions d’euros au lieu des 14 millions initialement prévus». Ainsi, la trentaine d’études réalisées entre le 5 mars et le 28 mai 2020, et les 12 «questions hebdomadaires d’actualité» posées à des panels de sondés pendant la même période ont coûté au total un million d’euros aux contribuables, détaille L’Obs.
Une facture toujours plus élevée
Et il ne s’agit là pas de son premier coup d’essai. En effet, fin 2018, le gouvernement a acheté sept vagues de sondages en 16 jours face à la crise des Gilets jaunes. Un an plus tard, sept études ont été commandées en 20 jours en lien avec la réforme programmée des retraites.
Côté financier, en 2017, le SIG a déboursé 1,4 million d’euros en sondages divers et variés, contre 1,9 million en 2018. En 2019, la facture a atteint 3,3 millions, tandis que pour les six premiers mois de 2020, elle affiche 1,6 million d’euros.
Pas que les sondages
Le gouvernement ne se contente toutefois pas de mesurer l’opinion des Français, «il se ruine aussi pour tenter de les convaincre», constate L’Obs.
«Seuls les initiés le savent, mais le 7 décembre 2018, le SIG, toujours lui, a conclu un mégamarché de 300 millions d’euros avec l’entreprise Dentsu Aegis Network, un géant du secteur, pour se faire conseiller dans les quatre années à venir en “stratégie média”, monter des “partenariats” et surtout acheter des “espaces” publicitaires», indique l’hebdomadaire.
L’Obs rappelle que dans le sillage du mouvement des Gilets jaunes, le gouvernement avait créé un Centre de la Participation citoyenne (CPC) chargé de mettre en place «des méthodes robustes» pour faciliter la concertation avec la société civile. Et de toute évidence, le CPC ne parvient pas à atteindre ses objectifs: tout récemment, un appel d’offres pour un marché estimé à près de 2,8 millions d’euros a été lancé pour trouver des consultants extérieurs pour cet organisme interministériel.
Affaire des sondages de l'Élysée
Le magazine souligne que «même Nicolas Sarkozy» n’a dépensé autant d'argent aux sondages et communication et rappelle l'affaire des sondages de l’Élysée, qui a abouti au renvoi en correctionnelle de quatre anciens conseillers présidentiels. Les documents avaient alors établi à 9,4 millions d'euros la facture des centaines d'enquêtes commandées sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Depuis ce scandale, les travaux d’enquête ne dépendent plus du budget de l’Élysée et sont commandés par le SIG, chapeauté par Matignon.