Prévue fin mai, l’arrivée du vaccin de Moderna dans les pharmacies et chez les médecins est retardée dans le sud de la France suite à la panne d’un camion le 28 mai. Les pharmaciens dénoncent leur mécontentement et leur lassitude.
Ce véhicule de la plateforme logistique Alloga transportait près de 145.000 doses du médicament, lesquelles devaient être livrées dans 73 entrepôts en Occitanie, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Nouvelle-Aquitaine et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Le retard a été qualifié d’«inacceptable» par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dans un communiqué.
Moins de choix
Les soignants misaient sur le vaccin de Moderna, à ARN messager, alors que celui de Pfizer reste réservé aux centres de vaccination compte tenu des consignes de conservation, et que celui d’AstraZeneca n’est administré qu’aux plus de 55 ans au vu du risque de thromboses rares.
«Les retards sont problématiques car, en plus de l'élargissement de la tranche d'âge, les vaccins ARN sont attendus dans les cabinets. Les Français ont un désamour pour l’AstraZeneca et on comptait sur l'arrivée de Moderna pour accélérer les vaccinations», explique Jean-Christophe Calmes, médecin généraliste près de Sète dans l’Hérault, auprès de Franceinfo.
Comme la panne du camion a «entraîné une excursion de température», le fabricant a été consulté «pour statuer sur le sort de ces doses», indique un mail de Santé publique France consulté par l’AFP.
L’absence d’une solution alternative contre ces éventuels risques a été mise en exergue par le chef d’un syndicat dans l’Hérault:
«Je suis un peu choqué que le gouvernement déploie autant d'efforts pour communiquer sur l'arrivée du vaccin de Moderna et qu'une panne de camion viennent enrayer toute la mécanique. Il n'aurait pas pu prévoir un plan B, non?», a dénoncé Frédéric Abecassis, pharmacien à Roujan et président du syndicat des pharmaciens du département, toujours auprès de Franceinfo.
Le rythme bancal de la vaccination
En faisant allusion aux nombreux retards de livraison d’AstraZeneca, le président de la FSPF a déploré auprès du Monde le rythme instable de la campagne de vaccination:
«Depuis janvier, on n’a pas connu une seule semaine avec un fonctionnement fluide», a fait savoir Philippe Besset. Raison pour laquelle la lassitude se fait sentir chez certains professionnels de la ville:
«On était très motivés, mais on voulait quelque chose de simple. On est dans un système parallèle depuis des mois, dont on n’arrive pas à sortir», a-t-il précisé.
Les problèmes logistiques conduisent ainsi à l’annulation des rendez-vous et incitent les gens à se rendre dans les centres de vaccination, ajoute M.Besset auprès du média. Certains décident d’opter pour le vaccin de Janssen, comme c’est le cas dans le village de Coupiac (Aveyron), indique Franceinfo.
Pour l’heure, les centres de vaccination disposent d’un nombre suffisant de doses des différents vaccins car «le gouvernement leur donne la priorité», a souligné une pharmacienne bordelaise à la radio. Cependant, ses confrères comptent non seulement vacciner ceux qui le souhaitent pour augmenter l’immunité collective mais aussi convaincre «les derniers réfractaires», habitués de leurs officines.
Selon Le Monde, une première partie des doses commandées les 25 et 26 mai doit être livrée entre le 3 et le 5 juin. Une seconde partie devrait suivre la semaine suivante, alors que les premières injections sont supposées commencer à partir du 29 mai dans tout l’Hexagone.