Un Boeing 737-800 de la compagnie irlandaise à bas prix Ryanair, reliant Athènes à Vilnius, a été détourné le 23 mai pour se poser d’urgence à Minsk avant que l’alerte à la bombe ait été envoyée, fait savoir la société de courriels Proton Technologies, propriétaire de la messagerie ProtonMail.
Le mail, cité dans des médias le 26 mai, «ne provenait pas de l’entreprise Proton, et à cause du cryptage utilisé par ProtonMail nous ne pouvons pas y avoir accès et en vérifier le contenu. Cependant, nous pouvons voir quand le message a été envoyé et nous pouvons confirmer qu’il a été envoyé après que l’avion a été détourné», a appris Sputnik auprès de la société qui s’est dite prête à aider les pays européens dans l’enquête sur l’incident.
Dans ce message, dont une image a été présentée dans la presse, il est possible de lire:
«Nous, soldats du Hamas, demandons qu’Israël cesse les hostilités dans la bande de Gaza. Nous demandons que l’Union européenne abandonne son soutien à Israël dans cette guerre. Nous savons que les participants au forum économique de Delphi retournent chez eux par le vol FR4978 le 23 mai. Une bombe a été installée à bord de cet avion. Si vous ne satisfaites pas à nos revendications, il explosera au-dessus de Vilnius.
Allahu Akbar».
But timestamps show that the email was sent 24 minutes after Belarusian authorities told the pilot and crew that they were transporting an explosive device, and the sought-for cease fire referenced in the email had already taken effect two days before https://t.co/TyVK4vfBNV pic.twitter.com/eizCtntyg0
— The Daily Beast (@thedailybeast) May 26, 2021
Le Hamas a nié son implication. L’adresse mail de l’auteur de la lettre a été créée aux environs du 14 mai, indique Reuters.
D’après l’enregistrement de la conversation entre les contrôleurs aériens biélorusses et les pilotes, Minsk a prévenu de la présence d’une bombe à bord aux environs de 12h30 (11h30, heure de Paris) et l’avion a changé de trajet pour se diriger vers l’aéroport de Minsk à 12h47. C’est alors que le message de menace aurait été reçu, à 12h57.
«Plusieurs alertes»
Le Comité d’enquête biélorusse a de son côté évoqué plusieurs messages d’alerte, à des moments différents.
«Il y a eu plusieurs alertes à la "bombe" envoyées via le service de messagerie anonyme suisse ProtonMail – à 12h25 [11h25, heure de Paris, ndlr] et à 12h56 [11h56, heure de Paris]. Actuellement, on analyse minutieusement les enregistrements des conversations avec les pilotes de l’avion», est-il détaillé dans un communiqué.
Le Comité d’enquête pointe le fait que le service de courriels en question a figuré à maintes reprises dans des «affaires pénales concernant des menaces d’actes terroristes» en Biélorussie. L’entreprise dénonce à son tour l’interdiction par les autorités biélorusses, en 2020, de la messagerie sécurisée qui affirme «respecter la vie privée».
Un opposant recherché
Les autorités biélorusses ont indiqué le 23 mai qu’une alerte à la bombe, qui s’est révélée ensuite fausse, avait été envoyée depuis la Suisse à l’aéroport de Minsk, ainsi qu’à Athènes et à Vilnius.
L’avion transportait notamment le Biélorusse Roman Protassevitch, fondateur de la chaîne Nexta sur Telegram, considérée comme «extrémiste» par la Biélorussie. Recherché par la justice de son pays dans le cadre de plusieurs enquêtes pénales, il a été arrêté à l’aéroport de Minsk avec sa compagne russe Sofia Sapega.
Après vérifications, l’avion a poursuivi son vol jusqu’à Vilnius le jour-même.
Un cas précédent, datant de 2013: l'avion du Président bolivien Evo Morales, qui rentrait dans son pays en provenance de Moscou, a dû se poser à Vienne après que la France et le Portugal lui avaient fermé leur espace aérien.
Sur fond de la supposition de Washington selon laquelle le lanceur d’alerte et ex-agent de la CIA Edward Snowden était présent à bord, l’avion a été perquisitionné. Les fouilles s’étant révélées infructueuses, l’aéronef a repris sa route le lendemain.
Sanctions européennes
Les 27 ont déclaré que les autorités biélorusses avaient forcé l’avion de Ryanair à atterrir sous un faux prétexte. Il a été interdit aux avions de ligne biélorusses de survoler l’espace aérien européen et recommandé à toutes les compagnies européennes d'éviter le ciel biélorusse.
Selon Minsk, la décision d’atterrir en Biélorussie a été prise par le commandant de bord de Ryanair lui-même, sans aucune contrainte de la part des autorités. En effet, dans l’enregistrement de la conversation entre les pilotes et les aiguilleurs aériens biélorusses, aucune menace à l’encontre du personnel de bord n’est audible.