Mercredi 26 mai, près de cinq mois après la remise du rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron s’est exprimé dans le magazine Zadig sur sa «politique de reconnaissance» vis-à-vis de l’Afrique. Il souhaite s’engager dans une voie «qui n’est ni le déni ni la repentance».
Rappelant la récente reconnaissance par Paris de la torture et de l’assassinat du nationaliste algérien Ali Boumendjel (en 1957), le Président affirme sa volonté d’étendre cette politique à d’autres pays africains où la France tient une part de responsabilité.
Il s’agit de «reconnaître notre histoire en Afrique, qui fut celle de l’esclavage, du commerce triangulaire […] puis du colonialisme», précise-t-il.
Outre ce regard sur le passé, Emmanuel Macron appelle également à «œuvrer chaque jour concrètement pour l’égalité des chances» dans l’Hexagone. «La France, c’est une volonté de chaque jour, ce n’est pas une identité figée», poursuit-il, avant de s’adresser aux immigrés africains: «vous êtes une chance pour notre pays».
Visite au Rwanda
Ce jeudi 27 mai, le chef de l’État prononcera un discours au Rwanda censé marquer la réconciliation entre les deux pays, dont les relations diplomatiques sont tendues depuis le génocide des Tutsi en 1994. D’après l’AFP, il n’est pas exclu qu’il y prononce des excuses officielles.
En 2010, son prédécesseur Nicolas Sarkozy avait, sans s’excuser, reconnu des «erreurs» et «une forme d’aveuglement» des autorités françaises à l’époque, ce qui avait mené à des conséquences «absolument dramatiques». La visite d’Emmanuel Macron devrait également marquer le retour d’un ambassadeur français à Kigali, le poste n’étant plus occupé depuis 2015.
Sommet à Paris
C’est également M. Macron qui a reçu une quinzaine de dirigeants africains le 18 mai à Paris et un même nombre de ses homologues européens pour discuter de l’économie africaine, laquelle affiche en 2021 sa première récession depuis 15 ans en raison du Covid-19. À l’issue de la réunion, un appel au soutien financier du continent a été lancé, sachant que l’objectif d’Emmanuel Macron était d’obtenir 100 milliards de dollars.
Depuis, la Banque mondiale a annoncé un investissement de deux milliards de dollars pour y soutenir les petites entreprises et le commerce. Le lendemain, le Fonds saoudien pour le développement a également répondu à l’appel, puisqu’il investira un milliard de dollars sous forme de prêts, subventions et futurs projets.
En plus des aides financières, les participants ont soutenu la levée des brevets sur les vaccins pour permettre à l’Afrique d’en produire sur son sol. À plus court terme, ils ont convenu de lui livrer davantage de doses via le mécanisme Covax, lequel devrait vacciner 40% des Africains, contre 20% auparavant.