Les tentatives d'accuser la Russie d'être impliquée dans l'atterrissage d'urgence de l'avion Ryanair à Minsk ne sont que «spéculations», affirme la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
«Nous avons remarqué – et je voudrais le commenter – la présence de spéculations au sujet de "la main", inexistante, de Moscou dans cette histoire», indique-t-elle au cours d’une conférence de presse.
La porte-parole de la diplomatie russe a dans ce contexte également évoqué l’appel de Londres à imposer des sanctions contre les gazoducs Nord Stream 2 et Yamal-Europe, ajoutant que toute action hostile serait suivie d’une réponse proportionnée.
«Nous avons vu ces affirmations du ministère britannique des Affaires étrangères ainsi que ses estimations au sujet de l'atterrissage d'urgence à l'aéroport de Minsk le 23 mai. Ces déclarations n'ont certainement pas été une surprise. C'est la célèbre logique britannique, la façon de penser des autorités officielles de Londres. Une fois de plus, nous sommes obligés de constater que la politique étrangère du Royaume-Uni a cessé d’être rationnelle au cours des dernières décennies», poursuivit Maria Zakharova.
Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères et du Commonwealth, Dominic Raab, a estimé lundi qu'il était nécessaire d'arrêter le Nord Stream 2 et le Yamal-Europe, les deux gazoducs qui transitent par le territoire de la Biélorussie et qui lui assurent des revenus de la part de Moscou. Le Yamal-Europe part de Russie puis passe par la Biélorussie et la Pologne pour arriver en Allemagne. Selon la Commission européenne, ce gazoduc a assuré au quatrième trimestre le quart des livraisons de gaz russe à l'UE, soit 10 milliards de mètres cubes.
«Une réponse stricte et proportionnée»
Maria Zakharova a par ailleurs constaté que la politique étrangère du pays était devenue l'otage des représentants de l’establishment politique britannique obsédés par la russophobie.
«Malheureusement, toutes ces attaques étouffent actuellement les voix des politiciens qui préconisent un dialogue pragmatique avec Moscou […]. Je voudrais rappeler une nouvelle fois que toute action hostile dirigée contre la Russie reçoit et continuera de recevoir une réponse stricte et proportionnée», insiste-t-elle.
Dans ce contexte, la responsabilité des retombées sur les relations bilatérales reviendra aux initiateurs de la confrontation, a-t-elle ajouté.
L’incident
L’avion Ryanair, qui effectuait un vol entre Athènes et Vilnius le 23 mai, s’est posé en urgence à l'aéroport de Minsk en raison d'une alerte à la bombe. Les défenseurs biélorusses des droits de l'homme ont annoncé que l’appareil transportait Roman Protassevitch, ancien rédacteur en chef de la chaîne Telegram Nexta considérée comme extrémiste en Biélorussie. Il a été arrêté après l'atterrissage et est désormais visé par plusieurs chefs d’accusation. Roman Protassevitch risque jusqu'à 15 ans de prison.
La Biélorussie a répondu que le message sur la présence d’une éventuelle bombe était arrivé par courrier électronique à l'aéroport de Minsk. Le commandant de bord ayant pris lui-même la décision d'atterrir, il n’est en aucun cas question de contrainte, a fait remarquer Igor Goloub, commandant des Forces aériennes et de la défense antiaérienne biélorusses.
Entretemps, le département de l'aviation du ministère des Transports a rendu public le décryptage de la conversation entre le contrôleur biélorusse et le pilote de l'avion. Aucune menace n’y est formulée par l’aiguilleur du ciel à l’encontre de l’équipage.
Nouvelles sanctions
L’indicent a soulevé un tollé en Occident. Les dirigeants de l’UE exigent la libération immédiate de Roman Protassevitch.
Ils ont décidé dans ce contexte de fermer leur espace aérien à la Biélorussie, d’adopter de nouvelles sanctions contre le gouvernement biélorusse et de geler une aide à Minsk.
Certaines compagnies aériennes ont pour leur part déclaré contourner l'espace aérien de la Biélorussie, et ce alors que les autorités autrichiennes avaient fait atterrir à Vienne en juillet 2013 l'avion du Président bolivien Evo Morales qui transportait, selon elles, Edward Snowden. Après avoir fouillé de fond en comble l’appareil du Président, qui revenait d’une visite à Moscou, et faute d’avoir trouvé l’ancien agent de la CIA, elles ont laissé repartir l’appareil.