Alors que les images satellite des territoires israéliens et palestiniens seraient précieux dans l’évaluation des destructions dues au conflit, elles s’avèrent insuffisamment précises sur Google Maps, ont relevé plusieurs chercheurs.
«Le fait que nous ne recevions pas d'images satellite haute résolution d'Israël et des territoires palestiniens nous fait reculer», déplore à la BBC Samir, chercheur qui a besoin d’informations open-source, notamment de cartes, pour documenter les dommages.
Le floutage concerne la plupart d’Israël et de la Palestine, bien que des sociétés de satellite disposent des images de haute résolution de la région, rappelle la chaîne. Ces données de cartographie permettent aux enquêteurs de localiser les tirs de missiles et les immeubles ciblés.
Esplanade des Mosquées à Jérusalem; Gaza
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En comparant les villes de Gaza, de Jérusalem et de Pyongyang, la dernière se dessine beaucoup plus précisément. Si le principe de Google est de «rafraîchir régulièrement les lieux à forte densité de population», les villes palestiniennes et israéliennes font visiblement exception.
Restrictions US
Conformément à l’amendement Kyl-Bingaman (KBA), sont interdites aux fournisseurs américains les «collecte et diffusion d’images satellite détaillées liées à Israël», c’est-à-dire de celles dont la taille de pixel est inférieure à 2 m.
Entré en vigueur en 1997, l’amendement servait à satisfaire les inquiétudes sécuritaires de l’État hébreu (et le mentionnait seulement).
«Nous [Israël] préférerions toujours être photographiés à la résolution la plus basse possible», avait déclaré en 2020 Amnon Harari, responsable des programmes spatiaux au ministère israélien de la Défense, à la radio Kan. «Il est toujours préférable d'être vu flou plutôt que précis.»
L’amendement a été abandonné en 2020, autorisant une taille de pixel allant jusqu'à 40 cm, poursuit la BBC.
Informations essentielles
«La motivation initiale était scientifique», précise au média Michael Fradley, archéologue à l'université d'Oxford. «Nous voulions disposer d'une source de données cohérente pour travailler dans le cadre de notre projet, et nous devions donc avoir accès à une haute résolution sur les Territoires palestiniens occupés, comparable à celle que nous utilisons pour d'autres parties de la région.»
Les entreprises fournissant des images de haute résolution, telles que Maxar et Planet Labs, assurent octroyer désormais, «suite à des modifications récentes de la réglementation américaine», des images d'Israël et de Gaza avec une résolution de 40 cm et de 50 cm respectivement.
«Quand un désastre se produit, l'imagerie satellite VHR peut fournir des informations essentielles pour les opérations de secours afin d'évaluer l'étendue des dommages et d'avoir une vue d'ensemble complète de la scène», expliquait Adrian Zevenbergen, directeur général d’European Space Imaging l’année dernière, après l’explosion dans le port de Beyrouth. «Il fournit aux équipes de secours des informations logistiques pour la planification et aide à surveiller et à détecter tout changement qui pourrait être critique pour minimiser ou même éviter une nouvelle catastrophe.»
De l’escalade à un cessez-le-feu
La confrontation israélo-palestinienne a pris un nouveau tournant le 10 mai après plusieurs tirs de roquette de la part du Hamas en signe de solidarité avec les Palestiniens blessés lors des heurts à Jérusalem. Tsahal a attaqué diverses cibles du Hamas en réponse.
Ont suivi 11 jours d’échanges aériens qui se sont soldés finalement par une trêve, laquelle est entrée en vigueur le 21 mai à 02h00, heure locale (01h00 heure de Paris).