La lettre ouverte signée à la fin du mois dernier par une vingtaine de généraux, a suscité une importante polémique au sein de la classe politico-médiatique, et elle continue à faire des vagues.
«Ces lettres ne sont pas des appels à l’insurrection militaire, comme certains ont voulu le dire, notamment une certaine extrême-gauche et peut-être aussi une partie du gouvernement.»
Jacques Hogard pointe du doigt les enjeux des opérations militaires françaises, notamment en Afrique, qui ne feraient que contribuer au chaos dans la région, ce qui a des répercussions directes sur la France même. Un rapport parlementaire publié en 2015 a recensé au moins 60 opérations militaires françaises en Afrique depuis 1960. L’afflux migratoire vers la France au cours de cette même période suggère que ces interventions militaires n’ont guère contribué à la stabilité du continent.
«On va combattre des groupes armés terroristes au Burkina Faso, au Niger ou au Mali, mais en France, on favorise toujours l’islamisation: il y a là une incohérence notoire et on voit bien avant tout que c’est un problème politique. Les interventions militaires n’ont pas de sens en elles-mêmes si elles ne servent pas une cause politique supérieure.»
La France paie-t-elle désormais le prix de sa stratégie interventionniste et de son suivi aveugle de l’Otan dans ses aventures militaires malavisées? Jacques Hogard explique qu’en effet, la France s’est peu à peu rangée comme un bon élève derrière l’Alliance atlantique, qui est «le bras armé de l’administration américaine»:
«Les interventions militaires n’ont aucun sens en elles-mêmes si elles ne sont pas soumises à une vraie vision d’ensemble, une vision globale, une stratégie générale. Or, aujourd’hui, nous n’avons plus cette vision globale. Nous n’avons plus de vraie diplomatie indépendante et pour cause, puisque nous sommes à la fois soumis à l’Otan et à l’Union européenne.»